: Vidéo L’Angle éco. Les baby-boomers, génération dorée ?
François Lenglet revient sur le parcours d’une génération particulièrement privilégiée en France : celle des baby-boomers. Nés entre 1940 et 1955, ils ont connu les Trente Glorieuses, le plein emploi et la croissance. Aujourd’hui retraités, leur niveau de vie dépasse même celui des actifs. Extrait de “L’Angle éco” du 31 mai 2016.
Et si, au cours des dernières décennies, une génération de Français avait bénéficié d’un contexte économique sans précédent et jusqu’ici inégalé ? A l’heure où certains parlent de “génération sacrifiée” pour qualifier la jeunesse, une “génération dorée” se démarque de toutes les autres depuis cinquante ans. Ce sont les baby-boomers, la génération Mai 68, aujourd’hui à la retraite. “Sur le berceau de cette génération s’étaient penchées quatre fées : la paix, la prospérité, le plein emploi et le progrès”, explique l’historien Jean-François Sirinelli dans son ouvrage Génération sans pareille. Les baby-boomers de 1945 à nos jours (éd. Tallandier, 2016).
Ascenseur social et plein emploi
Nés peu de temps après la Seconde Guerre mondiale, ils ont été les premiers à tirer avantage de l’allongement de la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans, décidé en 1959. Leur niveau de diplôme sensiblement supérieur à leurs aînés leur a permis de bénéficier d’une forte mobilité sociale. Une ascension sans pareille que les générations suivantes ne connaissent pas forcément. Selon l’Insee, “les individus nés dans les années 1960, malgré leur accès plus fréquent aux diplômes du supérieur, occupent en effet plus souvent une position inférieure à celle occupée par leur père”. Ils sont les premiers à souffrir de la panne de l’ascenseur social français.
Mieux formés, les baby-boomers sont aussi entrés sur le marché du travail à une période bénie de l’économie française : les Trente Glorieuses. Comme l’explique le sociologue français Louis Chauvel dans Le Destin des générations (éd. PUF, 1998), “il est préférable d’avoir 20 ans en 1968, lorsque le taux de chômage dans les deux ans de la sortie des études est de 4%, qu’en 1984, 1994 ou 2009, où ce taux culmine à 33%”. Le taux de chômage des 15-24 ans ne dépassait pas les 10% avant 1979, il est aujourd’hui de 24,7%. Les baby-boomers ont bénéficié du plein emploi jusqu’en 1980, ils n’ont pas connu pas la crise.
Génération propriétaire
Cette génération est également celle de l’accès à la propriété. Elle a bénéficié jusqu’en 1980 d’un contexte économique facilitant l’investissement immobilier, selon l’Insee : recul du prix réel des logements dès 1965, stabilité du pouvoir d’achat et des taux d’intérêt. “De plus, les pouvoirs publics ont encouragé l’accès à la propriété”, poursuit l’Insee. L’institut statistique évoque notamment la création de prêts d’accession à la propriété dès 1977, “qui ont permis aux ménages les plus modestes d’emprunter à un taux préférentiel”. Les aides personnalisées au logement (APL) ont été créées cette même année.
Les Français nés en 1950 ont ainsi accédé à la propriété à l’âge moyen de 34 ans, contre 56 ans pour ceux nés en 1910. Les générations suivantes n’auront pas les mêmes chances. Dès 1980, l’inflation recule et les taux d’intérêt réels augmentent. Le pouvoir d’achat stagne. L’envolée des prix de l’immobilier, dès la fin des années 1980, limite l’accès à la propriété des générations plus jeunes. Elle bénéficie en parallèle aux baby-boomers déjà propriétaires. En 2010, le patrimoine immobilier moyen des 60-69 ans était de 219 100 euros, selon l’Insee.
Des retraités privilégiés ?
Agée de 60 à 75 ans, la génération du baby-boom est partie à la retraite dans les années 2000, échappant à la crise financière de 2008 et à la récession qui a suivi. Elle bénéficie d’un niveau de vie légèrement supérieur à la moyenne française : en 2013, il atteignait 105,3% de celui de l’ensemble de la population, selon le Conseil d’orientation des retraites. Une spécificité bien française : ailleurs dans les pays de l’OCDE, le niveau de vie des retraités est généralement inférieur à celui de l’ensemble de la population. Signe d’une génération dorée, sur tous les plans et à tout âge ?
Extrait de “La guerre des âges”, à voir dans “L’Angle éco” le 31 mai 2016.
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