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"Thérapies de conversion" : une proposition de loi pour protéger les homosexuels et personnes transgenres souvent victimes d'obscurantisme

La députée LREM Laurence Vanceunebrock veut faire interdire les actes de maltraitance familiale et religieuse qui prétendent transformer l'orientation sexuelle ou l'identité de genre d'une personne.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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La députée LREM Laurence Vanceunebrock-Mialon à l'Assemblée nationale, à Paris, le 31 octobre 2017. (MAXPPP)

"On a pu entendre, lors des auditions, un jeune qui avait subi des électrochocs dans une clinique privée du sud de la France et des injections d'hormones", a rapporté sur franceinfo, mercredi 3 juin, la députée LREM Laurence Vanceunebrock qui vient de déposer une proposition de loi sur les "thérapies de conversion". Le texte vise à interdire ces pratiques qui prétendent transformer l'orientation sexuelle ou l'identité de genre d'une personne. Il n'a toutefois pas encore à ce stade de date d'inscription à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale mais la députée de l’Allier espère qu’il sera "défendu rapidement”.

radiofrance : Quelle est l’ampleur de ces "thérapies de conversion" en France ?

Laurence Vanceunebrock : Quand j'ai été saisie du sujet en 2017, je connaissais l'ampleur du sujet aux États-Unis, mais pas sur le territoire national. J'ai commencé à faire quelques recherches et, rapidement, je me suis rendue compte qu'il y avait différentes sortes de thérapies de conversion. Il y avait les thérapies religieuses qui touchent d'ailleurs les trois religions monothéistes et les thérapies médicales. On a pu entendre lors des auditions un jeune qui avait subi des électrochocs dans une clinique privée du sud de la France et des injections d'hormones. Des choses vraiment très difficiles et très dures à subir.

C'est bien souvent d'ailleurs, dans ces moments-là, que ces jeunes homosexuels, qu'ils soient hommes ou femmes, ont tendance à se replier sur eux-mêmes, à déprimer et parfois à commettre l'irréparable.

Laurence Vanceunebrock

Le but de cette proposition de loi, déposée ce matin sur le bureau de l'Assemblée nationale et qui, on espère, sera défendue assez rapidement dans l'hémicycle, c'est de protéger ces victimes.

Aujourd’hui, ces thérapies sont-elles légales ?

On va dire qu'il y a une espèce de flou juridique. Il y a bien des infractions qui s'approchent des thérapies de conversion. Le souci, c'est que les victimes ne peuvent pas déposer plainte directement pour les thérapies de conversion, en tout cas pour les pratiques visant à modifier l'orientation sexuelle. Nous n'avons aucun chiffre annuel dans la mesure où cette infraction n'existe pas dans le Code pénal et où les victimes sont donc obligées de trouver une infraction qui s'approche le plus possible des thérapies qu'elles ont subies.

C’est parfois sous la contrainte mais c'est souvent aussi pour obéir, en fait, à une culture familiale.

Laurence Vanceunebrock, députée LREM

Qui organise ces thérapies ? Est-ce que les personnes qui y participent le font sous la contrainte ?

Ce sont souvent des Églises évangéliques qui proposent des stages de guérison. Puis ensuite, elles ont changé un peu leur communication puisque effectivement, la guérison de l'homosexualité n'a pas lieu d'être, puisque ce n'est pas une maladie. Et en fait, ces mouvements s'adossent en tout cas sur les associations qui existent aux États-Unis et rassemblent des jeunes gays et lesbiennes pour ces thérapies. Ce sont plus souvent des hommes qui vont dans des "centres de vacances" où on tente de renforcer leur virilité, avec même parfois de l'exorcisme. Ce sont des témoignages que nous avons eu pendant la mission d'information.  On a pu noter que souvent, les jeunes gays qui étaient envoyés dans ce genre de centre faisaient partie de familles très croyantes.

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