Journées du Matrimoine : Rosetta Tharpe qui a inspiré Elvis, "une vraie découverte", selon Marie Guérini, la coordinatrice générale
Le mot matrimoine a été retiré de la langue française par les Académiciens au 17ème siècle, tout comme les femmes sont oubliées par l'histoire, explique Marie Guérini.
En parallèle de la 38ème édition des Journées européennes du Patrimoine le week-end du 18 septembre se tiennent dans cinq régions les Journées du Matrimoine avec de vraies découvertes comme Rosetta Tharpe, cette pionnière du rock’n’roll dans les années 50 qui a inspiré Elvis Presley et Chuck Berry, affirme Marie Guérini, la coordinatrice générale des Journées du Matrimoine, initiées par l’association H-F Île-de-France qui repère les inégalités entre les hommes et les femmes dans l’art et la culture.
franceinfo : Que définit-on par Matrimoine ?
Marie Guérini : Le Matrimoine est l'héritage des biens culturels des femmes et la transmission de leurs œuvres et ce mot n’est pas un néologisme. Il a existé longtemps et il a été retiré de la langue française au 17ème siècle par les Académiciens qui n’aimaient pas les mots féminisés. Ce n’est pas un effacement involontaire quand on sait que l'histoire est d'abord écrite au masculin. Bien que jouissant d’une grande reconnaissance de leur vivant, ces poétesses, écrivaines, réalisatrices ou architectes ont disparu de l'histoire à leur mort, à l’image de Rosetta Tharpe. Le répertoire de cette pionnière du rock’n’roll dans les années 50 est réinterprété à la Maison de la vie associative et citoyenne du 15e arrondissement de Paris ce week-end. Elle a inspiré Elvis Presley et Chuck Berry. C’est une vraie découverte.
"Le Matrimoine et les femmes qui l'occupaient ont disparu en même temps que le mot."
Marie Guérinià franceinfo
Quel est l’objectif de ces Journées ?
Il s’agit de remettre en lumière ces créatrices qui ont été un petit peu effacées ou carrément oubliées, et faire en sorte que le public apprenne que l'héritage culturel est fait de patrimoine et de matrimoine et que les deux doivent s'additionner. C'est un héritage commun.
Cette année, au cinéma, une Palme d'or à Cannes, un Lion d'or à Venise et l'Oscar du meilleur film ont été décernés à des femmes, les choses évoluent-elles ?
La conscientisation arrive enfin. Les réalisatrices ne sont pas fictives. Elles existent, elles sont talentueuses et on prend la peine de regarder leur travail et elles ont leur place, évidemment, dans le cinéma français. Nelly Kaplan, la réalisatrice de la Nouvelle Vague déclarait : "les muses inspirent mais ne respirent pas" et cela renvoie à notre slogan : “On n'est pas que des muses”.
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