"Gilets jaunes" : une étude confirme une forte hausse des blessures aux yeux suspectées d'être liées aux LBD depuis le début du mouvement
C'est la première fois que des scientifiques recensent ces blessures oculaires, très rares avant 2018.
Depuis le début du mouvement des "gilets jaunes", à l'automne 2018, les hôpitaux français ont traité un nombre beaucoup plus importants de blessures oculaires suspectées d'avoir été causées par les lanceurs de balle de défense (LBD). C'est la conclusion d'une étude menée auprès des différents CHU de France, et publiée dans l'édition du samedi 2 novembre de la prestigieuse revue médicale britannique The Lancet (en anglais).
Les auteurs de cette étude ont compilé tous les cas traités par des CHU entre février 2016 et août 2019. Sur les 43 blessures oculaires recensées, seules 3 datent de 2016 ou 2017, contre 25 en 2018 et 15 en 2019 – le mois où elles sont survenues, en revanche, n'est pas indiqué. Le premier samedi de manifestations des "gilets jaunes" a eu lieu le 17 novembre 2018.
Neuf personnes ont perdu leur œil
Au final, 30 de ces 43 patients ont dû être opérés, à une ou plusieurs reprises. Parmi eux, neuf ont dû être énucléés – l'œil blessé leur a été retiré.
"La recrudescence de blessures oculaires sévères, causant des traumatismes ou la perte de la vue, lors de ces 10 derniers mois en France pourrait être liée à l'utilisation de lanceurs de projectiles pour le contrôle de la foule", écrivent les scientifiques. Martin Hirsch, président de l'AP-HP – qui a traité 20 des cas recensés – a salué sur Twitter la publication de ce "premier bilan scientifique".
Le premier bilan publié dans une revue scientifique @TheLancet des blessures oculaires par l’ensemble des CHU @APHP
— Martin Hirsch (@MartinHirsch) November 1, 2019
Ocular injuries caused by less-lethal weapons in France - The Lancet https://t.co/STJHHTzNcP
Les méthodes d'intervention et les violences attribuées aux forces de l'ordre dans le cadre du mouvement des "gilets jaunes" ont suscité une polémique, notamment autour de l'emploi des LBD. Depuis le 17 novembre 2018, 2 500 manifestants et 1 800 membres des forces de l'ordre ont été blessés, selon le ministère de l'Intérieur.
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