Cet article date de plus de trois ans.

Vidéo "Ils nous sucent le sang, on est comme des esclaves" : "Envoyé spécial" a enquêté sur le business de la main-d'œuvre agricole

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
"Ils nous sucent le sang, on est comme des esclaves" : "Envoyé spécial" a enquêté sur le business de la main-d'œuvre agricole
"Ils nous sucent le sang, on est comme des esclaves" : "Envoyé spécial" a enquêté sur le business de la main-d'œuvre agricole "Ils nous sucent le sang, on est comme des esclaves" : "Envoyé spécial" a enquêté sur le business de la main-d'œuvre agricole
Article rédigé par France 2
France Télévisions

Dans quelles conditions vivent et travaillent ceux qui récoltent les fruits et légumes que nous retrouvons dans les rayons des supermarchés français ? Certains sont des travailleurs détachés, employés par des sociétés d'intérim pour venir épauler les exploitants agricoles en France. Un saisonnier dénonce les méthodes de Terra Fecundis, une entreprise de travail temporaire espagnole. 

Originaires pour la plupart d'Amérique du Sud ou d'Afrique du Nord, ils viennent en France pour récolter les fruits et légumes. Des agences de travail temporaires les envoient d'Espagne par bus entiers. Après des journées de travail harassantes, ces travailleurs détachés sont hébergés en logements collectifs dans des conditions parfois indignes. "Envoyé spécial" a enquêté sur ce business de la main-d'œuvre agricole.

Le reportage du magazine, à voir le 7 janvier 2021, s'intéresse plus particulièrement à Terra Fecundis. Cette agence d'intérim espagnole envoie chaque année plus de 2 000 ouvriers agricoles dans les campagnes françaises. Elle est aujourd'hui soupçonnée de "travail dissimulé en bande organisée". 

Certains salariés accusent Terra Fecundis de multiplier les infractions au droit du travail

Rares sont ceux qui osent s'attaquer au système Terra Fecundis. Au-delà des conditions de logement, certains salariés accusent l'entreprise de multiplier les infractions au droit du travail. C'est ce que dénonce un saisonnier, qui a souhaité rester anonyme, dans cet extrait.

C'est la première fois qu'il travaille pour Terra Fecundis. Depuis cinq mois, il ramasse tomates, poivrons, melons. Il tient scrupuleusement le décompte de ses journées de "dix heures trente", avec "cinq heures le samedi", explique-t-il. Des semaines de 57 heures pouvant aller jusqu'à 65 heures, selon lui.

Dans le secteur agricole, faire travailler les employés 65 heures par semaine n'est pas illégal, mais il faut obtenir une dérogation et toutes les heures supplémentaires doivent donner lieu à une majoration de salaire. En effet, c'est le droit français qui s'applique même si, comme tous les travailleurs détachés de Terra Fecundis, ce saisonnier a un contrat de travail espagnol. 

"Ils nous paient les heures supplémentaires au même prix que les autres"

Or, selon ce saisonnier, "ils nous paient les heures supplémentaires au même prix que les autres. Toutes les heures au même prix. Ils nous sucent le sang. Ils amènent les gens d'Espagne, ils nous vendent à d'autres personnes… Nous, ici, on est comme des esclaves. Tu dois faire exactement ce qu'ils te disent, tu n'es pas libre."

Ce témoignage n'est pas isolé. Des dizaines d'anciens salariés de Terra Fecundis disent avoir été ainsi abusés. Avec parfois, selon eux, des préjudices sur des années. Après plusieurs signalements de l'Inspection du travail et suite à un décès en 2011, la justice a ouvert une enquête préliminaire en 2014. Reporté à plusieurs reprises, le procès devrait finalement se tenir en 2021.

Extrait de "Les travailleurs de l'ombre", une enquête à voir dans "Envoyé spécial" le 7 janvier 2021.

> Les replays des magazines d'info de France Télévisions sont disponibles sur le site de Franceinfo et son application mobile (iOS Android), rubrique "Magazines".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.