Vacances des agriculteurs : "C'est un droit qu'ils doivent revendiquer"
Seulement la moitié des agriculteurs français prennent des congés faute de candidats pour les remplacer à la ferme et de moyens pour les payer.
Selon un sondage du site Terre-net, seulement 50% des agriculteurs français prennent des congés. Ils ont de plus en plus de mal à trouver des remplaçants dans leurs fermes. Il manque environ un millier de candidats pour satisfaire toutes les demandes, selon le Service de remplacement, la structure associative qui s'en occupe. "C'est important de prendre des congés, de se reposer, de faire un break par rapport à la ferme. C'est un droit que doivent revendiquer les paysannes et les paysans", a déclaré lundi 13 août sur franceinfo Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, éleveur de bovins dans la Loire.
franceinfo : Avez-vous pris des vacances cet été ?
Laurent Pinatel : Je les ai prises début juillet. Maintenant, c'est mon associé qui est en vacances cette semaine. Nous sommes sur une organisation un peu particulière sur la ferme puisque nous sommes deux associés et trois salariés. Cela permet de faire des rotations, même s'il y a du boulot pour cinq. Nous, on ne concevait pas notre métier de paysan et paysanne si on n'avait pas accès à une qualité de vie comme peuvent l'avoir d'autres couches de la société. Donc on s'est organisés pour avoir des temps de loisirs et de congés.
Est-ce une question de mentalité ?
Il y a vraiment une telle passion dans ce métier qu'il y a un lien très, très fort avec les animaux, avec la ferme. Les laisser, ça peut parfois paraître compliqué. Je pense que le principal frein, il est quand même financier. Il faut avoir les moyens de se payer un salarié de remplacement et de partir. Aujourd'hui, il y a un vrai problème de revenu dans les campagnes. Je pense que le frein majeur est là.
70% des agriculteurs de moins de 40 ans prennent des congés. L'état d'esprit est donc en train de changer ?
C'est important de prendre des congés, de se reposer, de faire un break par rapport à la ferme. C'est un droit que doivent revendiquer les paysannes et les paysans. Un droit aux revenus et un droit aux loisirs. L'état d'esprit change, c'est bien normal. On s'aperçoit aussi, que de plus en plus, il y a des paysannes ou des paysans qui ont leurs conjoints qui travaillent en dehors du monde agricole et qui aspirent à avoir une vie un peu plus déconnecté du monde du travail.
Le Service de remplacement est pratique, mais est-il suffisant ?
C'est quelque chose qui fonctionne bien, mais il y a la difficulté à recruter des gens pour travailler. Nous, on utilise le Service de remplacement dans notre ferme, avec ce bémol. Il faut faire comprendre aux jeunes qu'ouvrier de remplacement c'est quelque chose de valorisant qui peut faire une expérience professionnelle, permettre de voir plein de fermes et de monter un projet d'installation. Je pense que c'est vraiment une étape très intéressante. Il ne faut pas s'installer tout de suite, il faut aller voir un peu ailleurs.
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