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Sécheresse : "Les départements vont très vite se mettre à faucher pour alimenter les éleveurs", explique la présidente de la FNSEA

Christiane Lambert a réagi sur franceinfo à la "dérogation" qui permet aux éleveurs qui manquent de fourrage de valoriser leurs jachères.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Sécheresse dans les champs de Bouxurulles (Vosges) en juillet 2019. (ISABELLE BAUDRILLER / FRANCE-BLEU SUD LORRAINE)

"Les départements vont très vite se mettre à faucher pour alimenter les éleveurs", a déclaré lundi 29 juillet sur franceinfo Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, après avoir été reçue par Didier Guillaume. Le ministre de l'Agriculture a décidé d'étendre la "dérogation jachères" à 60 départements, au lieu de 33 initialement, pour faire face à la sécheresse et pallier le manque de fourrage.

franceinfo : Qu'avez-vous demandé au ministre de l'Agriculture ?

Christiane Lambert : J'avais demandé au ministre de regarder de très près la possibilité de répondre aux besoins de fourrage pour les éleveurs en donnant l'autorisation de faucher les jachères dans tous les départements touchés par la sécheresse. L'autorisation s'étendait à 33 départements seulement, or 78 étaient en restriction d'irrigation. Le ministre a obtenu le fait de l'étendre à 27 départements supplémentaires, sur la base d'un indicateur que nous avions proposé, à savoir la pousse de l'herbe. Lorsque l'herbe n'a pas pu pousser, il faut pouvoir faucher.
C'est positif d'avoir rajouté ces 27 départements. Nous allons désormais regarder comment la carte est couverte et s'il y a des besoins supplémentaires. Les départements vont très vite se mettre à faucher pour alimenter les éleveurs.

Quelles sont les réactions des éleveurs français ?

C'est très compliqué pour les éleveurs. Les céréaliers voient leurs betteraves mourir de soif, les viticulteurs voient des raisins desséchés, les arboriculteurs avec leurs fruits qui ont pris des coups de soleil et ne seront pas vendables. C'est difficile pour beaucoup de secteurs qui souffrent. Nos entreprises n'ont pas de toits, c'est un travail en plein air.

C'est la raison pour laquelle nous avons également évoqué avec le ministre la possibilité d'obtenir des dérogations sur les obligations de la PAC pour semer des cultures intermédiaires avant le 20 août. Ce serait impossible dans des sols secs. La date va être repoussée au maximum, jusqu'au 20 août, en espérant qu'il pleuve. Dans le cas contraire, nous demanderons aux directeurs départementaux des territoires qui gèrent l'agriculture de faire preuve de compréhension et de répondre par une dérogation quand ces cultures ne seront pas levées. C'est historique de cumuler autant de sécheresse et de canicule mais nous savons que ce sont des événements qui risquent de se produire. Nous avons donc parlé avec le ministre d'irrigation, d'assurance et d'accompagnement des agriculteurs.

Faut-il s'adapter à un climat qui a changé ?

Exactement, l'eau tombe de manière plus erratique avec des inondations en hiver et au printemps. Nous voulons stocker l'eau dans des lacs collinaires, dans des réserves d'eau pour les utiliser quand il y a pénurie. En Europe, les pays se lancent dans des programmes importants de sauvegarde d'eau, comme la Hongrie, le Danemark et la Suède. La France doit se lancer également dans ces plans-là. Il faut rouvrir la possibilité de faire des réserves d'eau et il faut expliquer à l'opinion publique et aux associations environnementales qu'on est capable d'utiliser moins d'eau pour le même rendement. Aujourd'hui, avec la même quantité d'eau, on arrive à irriguer 30% de surface en plus qu'il y a dix ans.

Des députés qui ont voté pour le Ceta ont vu leur permanence détériorée, parfois par des agriculteurs. Comprenez-vous leur désarroi ?

Je comprends le désarroi des agriculteurs à qui il est dit tous les jours : 'soyez bons, montez en gamme, respectez l'environnement, les conditions sanitaires, la condition animale' et en même temps, on ouvre les frontières. C'est normal que les agriculteurs soient inquiets et quand un mur est construit devant la permanence d'un député, c'est un geste symbolique pour interpeller nos parlementaires.

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