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"Les scandales, ça commence à bien faire" : les bouchers lancent une campagne pour défendre la qualité de leur viande

Les artisans veulent défendre leur filière "de proximité".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une boucherie à Valence (illustration). (FRANCK DAUMAS / FRANCE-BLEU DRÔME-ARDÈCHE)

Le secteur des commerces de viande lance une campagne de communication, autour d'une affiche, avec un mot d'ordre : "Ici votre steak haché 100% viande est préparé devant vous""On va envoyer dans tous nos points de vente cette affiche pour sensibiliser encore plus à la proximité, à la qualité du travail et à la qualité du produit", explique Jean-François Guihard, président de la Confédération française de la boucherie-charcuterie et traiteurs (CFBCT), mercredi 3 juillet sur franceinfo. "Les scandales, ça commence à bien faire".

franceinfo : Vous dénoncez plusieurs scandales autour de la viande, celui des faux steaks polonais fournis à des associations caritatives, celui aussi que représente à vos yeux l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur. Aujourd'hui, vous avez peur pour votre métier, pour votre savoir-faire ?

Jean-François Guihard : Les scandales s'accumulent et c'est toute la filière qui en pâtit. Nous, les artisans-bouchers, on est la proximité, je crois qu'il ne faut pas oublier cette proximité. On veut tout simplement réaffirmer à nos consommateurs que ce que nous faisons, nous le faisons pour eux, nous le faisons devant eux. Nous le faisons surtout avec une viande qui est élevée en France, dans des bonnes conditions. Je crois que c'est important. Les scandales, ça commence à bien faire.

L'affaire des faux steaks polonais peut-elle inciter le consommateur à venir rechercher la qualité chez les artisans-bouchers ?

C'est aussi pour ça qu'on fait cette campagne de communication, on va envoyer dans nos 18 000 points de ventes cette affiche qu'ils pourront afficher à l'intérieur, mais aussi à l'extérieur du magasin. C'est pour sensibiliser encore plus à la proximité, à la qualité du travail et à la qualité du produit. Aujourd'hui, il y a un marché qui n'a plus beaucoup de sens. Ce scandale, avec de la viande qui a été achetée en Pologne par les services de l'État, c'est grave. Il faut bien poser les choses. On a une industrie en France qui aurait tout à fait pu répondre à cet appel d'offre. Certes, je suis pro-européen, mais il faut quand même protéger nos consommateurs, protéger aussi les associations qui ont été concernées par ce scandale. Le libre-échange oui, mais il faut une garantie pour la France, une garantie pour le consommateur français et le Mercosur est aussi un bel exemple.

Le Mercosur représente près de 100 000 tonnes de bœuf latino-américain avec un tarif aux douanes à 7,5%, que vous dénoncez. Emmanuel Macron a défendu cet accord depuis Bruxelles. Il met en garde contre les attitudes néo-protectionnistes.

Je ne suis pas néo-protectionniste. Par contre, il faut des garanties, on ne peut pas demander à la filière française d'être exemplaire et importer des produits qui ne le sont pas. Nos animaux en France sont élevés dans des prairies, l'herbe n'est pas OGM. Ce n'est pas un élevage intensif, ça entretient aussi nos beaux paysages. L'élevage moyen, c'est 70 bêtes environ, ce n'est pas du 3 000 ou 4 000 comme au Brésil.

La France ne va pas ratifier le texte pour l'instant. Pour le ministre de l'Agriculture, si au niveau du bœuf, on n'a pas de certitude sur la traçabilité, la France ne signera pas. Ce genre de déclaration ne vous rassure pas ?

Si, ça rassure, mais il faut le redire et le réaffirmer. Si notre démarche peut encore aider à enfoncer le clou, on aura fait quelque chose pour faire avancer.

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