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Le Roundup jugé cancérigène : "Monsanto savait et ils ont caché la vérité au monde", estime le député européen Eric Andrieu

Eric Andrieu, député européen PS et président de la commission d’investigation “Pesticides” au Parlement européen, a réagi à la condamnation de Monsanto aux États-Unis. 

Article rédigé par franceinfo - Édité par Thomas Pontillon
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Eric Andrieu, député européen, en 2018.   (STEPHANIE LECOCQ / EPA)

La justice américaine inflige un nouveau revers à Monsanto. Un jury a estimé que le désherbant Roundup de Monsanto a bien contribué au cancer d'Edwin Hardeman, un Américain qui a utilisé ce produit pour désherber son jardin de 1980 à 2012. Le géant de l'agrochimie avait déjà été lourdement condamné l'été dernier par un jury californien dans un procès similaire intenté par un jardinier, Dewayne "Lee" Johnson. "Monsanto savait et ils ont caché la vérité au monde", a affirmé mercredi 20 mars sur franceinfo Eric Andrieu, député européen PS et président de la commission d’investigation “Pesticides” au Parlement européen. Le député européen estime par ailleurs que l'affaire "n'est pas terminée" car, Monsanto ayant été racheté par l'Allemand Bayer, "il y a un vrai sujet sanitaire au niveau européen et au niveau mondial".

franceinfo : Est-ce que cette décision d'un jury fédéral américain à l'encontre de Monsanto est importante ?

Eric Andrieu : Oui, c'est "Monsanto le retour". C'est la première fois qu'un jury fédéral américain juge Monsanto. Il y avait eu l'affaire du jardinier Dewayne "Lee" Johnson (en 2018). Mais c'était un jury californien. Monsanto a été condamné à 289 millions de dollars. Là, c'est encore plus important puisqu'il s'agit d'un jury fédéral. Cela prend une dimension nouvelle.

Est-ce que cela a un impact au-delà des Etats-Unis ?

Essentiellement en Europe, pour la bonne raison que Bayer a acheté Monsanto. Aujourd'hui, les Américains ne vont pas hésiter à faire actionner le tiroir-caisse. Il y a bon nombres de plaignants aux Etats-Unis sur la société Monsanto. Mais comme le rachat a eu lieu, cela va se transférer sur la société Bayer. Bayer aurait dû réfléchir avant d'acquérir Monsanto et de vouloir maîtriser le monde du vivant. L'affaire n'est pas terminée. Il y a un vrai sujet sanitaire au niveau européen et au niveau mondial.

Un deuxième acte de la procédure judicaire va s'ouvrir, pour savoir si Monsanto a délibérément ignoré la dangerosité de l'herbicide. C'est cette question qui est fondamentale ?

Bien sûr. Les Monsanto Papers, documents qui avaient été révélés par l'avocat du jardinier Dewayne "Lee" Johnson, révélaient que Monsanto savait depuis très longtemps que la molécule du glyphosate était probablement cancérigène. Là, un des enjeux forts du procès est de révéler que Monsanto savait et a fait preuve de mauvaise foi. Il a montré que les preuves étaient dissimulées. Ça c'est dramatique. C'est là-dessus que la justice va devoir trancher. Je pense que c'est ça que Bayer doit craindre. Il y a un précédent. Nous avons eu connaissance des Monsanto Papers. Il y a de quoi s'inquiéter, parce qu'il y a des éléments probants qui montrent qu'au sein de la société Monsanto bon nombres d'acteurs, de scientifiques et d'experts n'étaient pas d'accord sur la stratégie conduite par cette multinationale.

Il y a eu mensonge délibéré?

Ce que j'ai lu des rapports des avocats de Dewayne "Lee" Johnson c'est ça. C'est ce sur quoi ils ont appuyé leur plaidoirie. Ils révèlent que Monsanto savait et qu'ils ont caché la vérité au monde.

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