"Je n'ai pas su leur faire aimer le métier" : près de 3 000 agriculteurs français cherchent un repreneur
La population agricole vieillit et les enfants ne sont pas forcément disposés à poursuivre l'activité. Le mouvement des néo-ruraux, accentué par la crise du Covid-19, pourrait répondre en partie à cette crise des vocations.
Changer de vie, l'idée vous a peut-être traversé l'esprit pendant le confinement. La crise du Covid-19 a fait naître, chez beaucoup d'urbains, des rêves de campagne et de reconversion. Cela tombe bien, le monde agricole a besoin de bras et d'investissement. La population des exploitants vieillit, la moitié des agriculteurs va partir à la retraite d'ici cinq ans et de nombreuses fermes sont en mal d'un repreneur.
En Bretagne, une installation pour trois départs
Jean-Marc Restif élève une soixantaine de vaches laitières en bio, à une vingtaine de kilomètres à l'est de Rennes. À 62 ans, il commence à penser à sa retraite mais il n'a personne à qui transmettre le flambeau. "Il y a un moment où il faut savoir laisser sa place. J'envisage de m'arrêter en avril 2022. J'ai deux filles, je n'ai pas su leur faire aimer le métier. C'était calé avec mon salarié, le cas de figure idéal, et puis là il a eu une proposition à côté de chez ses parents."
Mais reprendre un élevage, c'est un gros investissement : 600 000 euros en moyenne. Sauf qu'il ne faut pas réfléchir trop longtemps. Selon les éleveurs bio de Bretagne, 30% d'entre eux vont partir à la retraite d'ici sept ans. Ils viennent d'ailleurs de lancer une grande campagne de communication pour susciter des vocations. Plus original, ils ont même signé un partenariat avec Pôle emploi. "On a 2 000 à 2 500 départs chaque année et on installe à peu près 700 personnes, indique Marie-Isabelle Le Bars, en charge du recrutement des repreneurs pour les chambres d'agriculture de Bretagne. On a une installation pour trois départs. Ce sont les chiffres que l'on a depuis une dizaine d'années mais qui sont en train de s'amplifier."
"Retrouver une vie saine et le lien avec nos mains"
La population agricole est vieillissante et les enfants ne veulent plus forcément reprendre le domaine. Alors le salut pourrait venir de ceux qu'on appelle les néo-ruraux, ces urbains qui rêvent d'une nouvelle vie à la campagne. Un phénomène qui prend de l'ampleur selon Marie-Isabelle Le Bars : "Cela fait une dizaine d'années que l'on voit des gens qui se posent cette question-là. On est passés de 20% à 30% d'installations."
Depuis un an et surtout en cette fin d'année avec le Covid-19 on a une augmentation des profils de néo-ruraux de 10 à 15%. Il semble y avoir un effet Covid.
Marie-Isabelle Le Bars, chambres d'agriculture de Bretagneà franceinfo
Reste à savoir si cette tendance se traduira concrètement par de nouvelles installations agricoles. Démarrer une activité agricole prend du temps, entre un et trois ans. Thomas et Ariane font partie des candidats. À 36 ans, ils sont en pleine reconversion. "Ma compagne est ancienne ingénieure en aéronautique et moi je suis photographe-vidéaste, explique Thomas. On avait envie de se trouver une vie de famille où on puisse avoir du temps ensemble avec un côté vie saine, être fiers de ce que l'on fait. Retrouver le lien avec nos mains."
Cela fait six mois qu'ils cherchent. Ils ont visité une quinzaine de fermes mais n'ont pas encore été conquis. Question de temps. Il y a en cette fin décembre près de 500 fermes à reprendre en Bretagne et près de 3 000 sur tout le territoire.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.