Fongicide retiré du marché : les agriculteurs ne sont "pas réfractaires à l'évolution", mais il faut les "accompagner" (FDSEA)
L'agence sanitaire Anses a ordonné mardi le retrait du marché de tous les produits à base d'époxiconazole, un fongicide largement utilisé dans l'agriculture.
"Nous ne sommes pas réfractaires à l'évolution", mais "il faut accompagner le monde agricole dans cette transition", estime Hervé Lapie, agriculteur, président de la FDSEA de la Marne, et président de l'association Symbiose. Invité de franceinfo ce mercredi, il est revenu sur la décision de l'Anses de retirer l'autorisation de mise sur le marché de tous les produits à base d'époxiconazole, l'un des fongicides les plus utilisés dans l'agriculture. L'agence sanitaire estime qu'il présente un "danger préoccupant" pour l'homme en raison de son "caractère perturbateur endocrinien".
"Il faut accompagner le monde agricole dans cette transition"
L'époxiconazole est un produit utilisé "pour protéger de certaines maladies, notamment la septoriose ou la ramulariose, sur les betteraves", explique l'agriculteur. "On a pas mal de subsituts, d'alternatives sur le sujet de ces maladies-là. Nous, on dit qu'il faut absolument faire cette transition agricole, et il faut accompagner le monde agricole dans cette transition", ajoute-t-il. Pour Hervé Lapie, il faut mettre plus de moyens dans la recherche et l'innovation pour trouver des alternatives : "Il y a un volet qui nous intéresse fortement, c'est la résistance des plantes à certaines maladies pour pouvoir se passer de ces produits de santé végétale."
À chaque fois qu'on enlève un produit de santé végétale, il faut se demander si ça ne met pas une culture en difficulté.
Hervé Lapie, agriculteur et président de la FDSEA de la Marneà franceinfo
Le président de la FDSEA de la Marne s'inquiète tout de même des conséquences de l'interdiction de certains produits qui aurait pour conséquence d'"arriver à une simplification de nos assolements", estime l'agriculteur qui possède neuf cultures différentes sur son exploitation. "C'est l'agronomie qui nous apportera des vraies solutions, et aussi la biodiversité par le biais des cultures intermédiaires", préconise-t-il sur franceinfo. Hervé Lapie craint qu'en prenant "juste l'angle des produits de santé végétale pour penser régler un problème" on en crée "un autre à côté".
"Les agriculteurs sont les premiers concernés"
Sur le caractère "perturbateur endocrinien" de l'époxiconazole, Hervé Lapie assure que "ça fait longtemps qu'on travaille sur le sujet." Le président de la FDSEA ajoute : "Les agriculteurs sont les premiers concernés par l'utilisation de ces produits. Moi en tant qu'exploitant agricole, moins j'utilise des produits de santé végétale, mieux je me porte. Si on nous accompagne et qu'on trouve les solutions, oui il faut en sortir".
Vers une harmonisation des règles au niveau européen
Hervé Lapie invite à harmoniser les règles environnementales sur le plan européen : "Si jamais on arrive à cette harmonisation européenne très forte, il faut qu'à nos frontières on autorise seulement à faire rentrer sur le marché européen les produits qui ont les mêmes normes sanitaires et environnementales. Le vrai sujet, il est là aujourd'hui", a-t-il estimé. Après les élections européennes, l'agriculteur Hervé Lapie a déclaré attendre "beaucoup de la future Politique agricole commune [PAC], pour qu'on puisse tous travailler de la même manière."
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