Comme tous les mois, direction Strasbourg (Bas-Rhin) pour la dernière session du Parlement européen. Élu pour la première fois en 1989, Alain Lamassoure s'apprête à céder sa place. À Strasbourg, il va voter pour la dernière fois des textes qui ont nécessité des mois de négociations, de compromis. Alain Lamassoure est l'un des députés français les plus influents. Pourtant, a-t-il réellement du pouvoir, noyé dans un hémicycle de 751 parlementaires représentants actuellement 28 pays ?Un travail de fondPour les Français, l'Europe, c'est surtout des Conseils européens, qui réunissent des chefs d'État et de gouvernement, ou encore la Commission de Bruxelles. Pourtant, souvent dans l'ombre, ce sont les députés qui élaborent la majorité des lois aux conséquences directes pour les citoyens européens, avec des méthodes de travail radicalement différentes des pratiques de l'Assemblée nationale. À Strasbourg, on discute avec tous les partis. Une nécessité, car le député européen n'a pas tous les pouvoirs. Seule la Commission européenne peut être à l'initiative d'une loi. Elle doit ensuite être votée dans les mêmes termes par le Parlement et le Conseil européen représentant chaque État. C'est ce qu'on appelle la codécision. Un système qui régit la plupart des décisions européennes.Dans quelques minutes, ce député va parvenir à un coup de force : l'interdiction de la pêche électrique, contre l'avis de la Commission. Juste avant la décision finale, Younous Omarjee fait la tournée de ses collègues pour s'assurer de leur soutien. Le vote ne dure que quelques secondes, validé à une très large majorité. Pourtant, Younous Omarjee a mené ce combat durant de très longs mois, en convainquant un à un ses collègues, de gauche comme de droite. Un succès pour ce député. L'interdiction de la pêche électrique a été rendue possible par un travail long, discret, aux conséquences nombreuses, loin de l'agitation médiatique.