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En 10 ans, 100 000 fermes perdues : "On va continuer à être dans ce schéma-là encore quelques années", s'alarme la Confédération paysanne

Selon le dernier recensement agricole, 100 000 fermes ont disparu en dix ans. "Une réalité qu'on pointe du doigt depuis des années qui est confirmée" aujourd'hui, souligne ce vendredi sur franceinfo Nicolas Girod, porte-parole national de la Confédération paysanne. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Un taureau dans une exploitation agricole à Saint-Marcel-d'Urfé, le 9 mars 2021.  (REMY PERRIN / MAXPPP)

En dix ans, 100 000 exploitations agricoles ont disparu en France, selon le recensement agricole décennal, soit une baisse de 20%. "On va continuer à être dans ce schéma-là encore quelques années", s'est alarmé vendredi 10 décembre sur franceinfo Nicolas Girod, porte-parole national de la Confédération paysanne. Deux points positifs malgré tout : l'intérêt des jeunes pour les filières agricoles et le boom du bio qui se confirme.

franceinfo : Les agriculteurs ont toujours autant de mal à trouver des repreneurs aujourd'hui lorsqu'ils s'arrêtent ?

Nicolas Girod : Oui, c'est une réalité qu'on pointe du doigt depuis des années qui est confirmée par ce recensement. C'est la difficulté du renouvellement des exploitations et on va continuer à buter et être dans ce schéma-là encore quelques années.

Il y a de moins en moins de fermes, mais elles sont de plus en plus grandes. Est-ce que c'est une bonne nouvelle pour les agriculteurs ?

Je ne crois pas que ce soit une bonne nouvelle. Il n'y a pas de perte notable en termes de surfaces agricoles, au niveau français, donc ayant moins d'exploitations ou ayant moins de paysans et de paysans, forcément, ceux qui restent reprennent les fermes qui disparaissent. On a une taille de ferme qui augmente avec 14 hectares en plus pour la ferme moyenne en dix ans. Ça veut dire du travail en plus pour ceux qui restent. Cela veut dire de la mécanisation en plus. Cela veut dire des frais en plus et ça veut dire en même temps une difficulté à affronter forcément les transitions écologiques.

Pour la première fois, les inscriptions sont en hausse dans les lycées agricoles. Est-ce que vous le constatez sur le terrain un peu partout en France ?

On constate depuis quelques années, en effet, une volonté des jeunes et des moins jeunes. Il y a des gens en parcours adultes qui sont intéressés pour revenir dans le monde agricole. On le constate. Mais après, il y a toujours la difficulté en face de faire correspondre les projets des jeunes qui sont dans ces cursus scolaires ou des cursus adultes qui veulent reprendre des fermes et les fermes qu'ils ont en face. On a beaucoup de projets qui ne correspondent pas à l'existence des fermes et donc cela va nécessiter un ajustement qui ne se fait pas du jour au lendemain, qui ne se fait pas en claquant des doigts.

Ce recensement confirme également une autre tendance, celle du boom du bio, qui a triplé en l'espace de dix ans. Il y a encore une marge de progression ?

Je pense qu'il y a encore de la marge de progression aussi bien sur l'agriculture biologique que sur des agricultures sous signe de qualité. C'est quelque chose d'encourageant qu'il faut continuer à faire avancer, dont il faut continuer à faire la promotion. Après, ce qui est un peu déstabilisant, c'est qu'on a eu ce boom-là alors qu'il y avait un accompagnement politique au travers de la politique agricole commune sur les conversions à l'agriculture biologique, mais également sur des aides au maintien à l'agriculture biologique. Des aides au maintien qui se sont déjà arrêtées dans certaines régions et qui vont s'arrêter totalement sur le territoire français. Donc, est-ce qu'on va toujours être en capacité d'avoir ce signal que l'agriculture biologique est quelque chose d'important en termes de transition écologique et d'intéressant pour le monde paysan ? C'est une question qu'on a encore et qui est un peu inquiétante.

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