Dans le Bas-Rhin, les agriculteurs font appel aux chasseurs pour sauver les faons au moment de la fauche
Dans le Bas-Rhin, la Fédération des chasseurs s’allie aux agriculteurs pour repérer grâce à des drones, les faons cachés dans les prés. Un dispositif qui permet d’éviter la mort des animaux lors de la fauche.
Un abri aléatoire
Le printemps est un période chargée pour les animaux comme pour les agriculteurs. Chez les chevreuils, la mise bas des faons s’étale de fin avril à début juin avec un pic vers le 20 mai. Leurs mères les dissimulent souvent dans les hautes herbes où les jeunes animaux vont rester pendant les deux à trois premières semaines de vie. A priori, ils sont à l’abri car jusqu'à deux mois, les petits chevreuils n'ont pas d'odeur. Les prédateurs ne peuvent pas les repérer, d’autant plus s’ils restent immobiles. Leur mère peut donc s’éloigner pour aller chercher à manger.
Mais ce système de défense a ses limites. Car cette période correspond aussi à celle de la fauche des prés qui peut commencer dès la fin du mois d’avril selon la météo. Face au bruit des machines, alors qu’un sujet adulte prendra la fuite, un faon est à la fois paralysé par la peur et fidèle à son instinct qui lui dit ne pas bouger. L’agriculteur ne peut pas le voir, ou alors au dernier moment, quand il est souvent trop tard. Pour les agriculteurs, provoquer même involontairement, la mort d'un jeune animal, reste une épreuve d'autant que l'animal mutilé meure parfois après une longue agonie.
Repérage par drone
Très répandu en Allemagne où il est devenu obligatoire, le repérage des faons par drones se développe ainsi peu à peu en France où les fédérations de chasse sont de plus en plus nombreuses à s'équiper d'un drone et à former des télépilotes. A Weyer dans le Bas-Rhin, agriculteurs et chasseurs se mobilisent. Dans ce secteur, le gibier est nombreux. "Sur environ 40 hectares des prairies, on peut retrouver 20 à 25 chevreuils" souligne Romain Weinum, technicien de la Fédération des chasseurs du Bas-Rhin.
Elle intervient auprès des agriculteurs avec une caméra infrarouge embarquée sur un drone qui permet de repérer le faon grâce à la chaleur qu’il dégage. Une fois localisé, l’animal est approché, manipulé avec des gants puis enveloppé dans des touffes d’herbe pour éviter que l’humain ne lui transmette son odeur. Il est ensuite déposé en lisière de parcelle où sa mère le retrouvera, voire sous un abri ou dans une petite cage.
Malgré tout, il est parfois difficile d’anticiper la moisson d’un champ. Quand la météo vire à l’orage, il faut aller très vite. Le temps est compté pour faucher à sec et rentrer le foin. Trouver dans l’urgence un technicien ou un chasseur équipé d’un drone et disponible s’avère alors compliqué.
Quelles alternatives ?
Pour réduire les pertes de faune sauvage lors des moissons, d'autres techniques existent. Côté matériel, il existe des faucheuses équipées de capteurs. Dès qu’ils détectent une source de chaleur, la faucheuse se soulève et épargne l'animal. Des barres effaroucheuses peuvent être installées sur les machines (il peut s’agir d’une barre transversale équipée de chaînes qui balayent le couvert, de peignes rigides grattant le sol, de tubes sonores...). Mais tous ces systèmes ont un coût difficile à endosser pour un agriculteur. En Allemagne, où on estime que plus de 100 000 faons sont tués chaque année au moment des moissons, le ministère de l'agriculture a débloqué 3 millions d'euros pour que les chasseurs s'équipent en drones. On n'en est pas encore là en France...
Mais il existe aussi des techniques de fauche qui limitent les risques, comme moissonner son champ à partir de l’intérieur, depuis le milieu et en élargissant le cercle au fur et à mesure pour ne pas emprisonner les animaux et permettre leur fuite vers l’extérieur. Certains préconisent aussi de retarder, dans la mesure du possible, la date de la première fauche pour éviter qu'elle soit réalisée au moment du pic des naissances vers le 20 mai.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.