Aux Antilles, le chlordécone, utilisé pour traiter les charançons du bananier, touche la majorité de la population et provoque cancers et naissances prématurées.
C'est un poison qui infuse depuis quarante ans dans le sol des Antilles. Neuf Antillais sur dix sont contaminés au chlordécone. Cancers, naissances prématurées : le pesticide, qui a vocation à détruire le charançon du bananier, fait aussi des victimes humaines. Qui est responsable ? Claude Jaffard a travaillé dans des bananeraies. Cet ancien ouvrier agricole de 73 ans, désormais retraité, souffre d'un cancer de la prostate. Il accuse l'État, qui a autorisé ce produit, puis a fini par l'interdire.
Une pollution qui perdure
Vingt-cinq après son interdiction, le pesticide imprègne encore le sol : il ruisselle des bananeraies sur les terres cultivées, il pollue l'eau et le bétail, mais épargne les légumes, qui ne poussent pas enfouis dans le sol. Au marché, les clients sont inquiets : "Je prie et je mange, mais il n'y a pas d'information, on n'en parle pas, on ne sait pas ce qu'il faut faire ou pas", explique un consommateur. Au CHU de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), on enregistre 500 cas par an de cancer de la prostate. C'est deux fois plus qu'en métropole. Il faudra 600 ans pour décontaminer le sol des Antilles
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