Vue du ciel, la Camargue est comme un tissu de terre effiloché, pris dans les eaux. Cette zone humide de 150 000 hectares, où vivent des milliers d'espèces, constitue un espace naturel fragile où tout est une histoire d'équilibre entre terre et mer, et où le sel doit rester à sa place. Sur ses sols, l'homme a planté du riz ou du raisin, des cultures qui ont besoin d'eau douce.Une salinité qui a doublé en 20 ansCependant, depuis deux ans, dans les rangées de vignes, les premiers désordres sont visibles. Nicolas Beck, viticulteur dans le domaine expérimental du Petit Saint-Jean (Gard), explique que le sel a pour effet de brûler les feuilles et d'assécher les pieds. Les viticulteurs de Camargue estiment que 20% des parcelles seraient concernées. Dans le parc naturel du Scamandre (Gard), des relevés sont effectués tous les mois depuis 20 ans. La salinité a doublé sur cette période, ce que Nicolas Bonton, du syndicat mixte de la Camargue gardoise, explique par une baisse de la pluviométrie.