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Artificialisation des sols : les projets de construction sur des terrains agricoles ont explosé l'année dernière

Le nombre d'opérations pour des maisons individuelles ou des zones d'activités a bondi de 23,5% en 2021, selon un rapport. Les propriétaires ont notamment anticipé les mesures contre la pression foncière prévues par la loi Climat votée en juillet dernier.

Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un chantier de construction dans un nouveau quartier pavillonnaire en Vendée, en avril 2022. (MATHIEU THOMASSET / HANS LUCAS)

C’est un indicateur très fiable et il n’est pas encourageant pour la lutte contre le changement climatique. L‘artificialisation des terres l’an passé a fait un bond en avant en France dans les zones agricoles alors que le gouvernement a voté une loi "Climat et Résilience" sensée reduire la pression foncière. C’est l’aménageur des terres rurales en France, la Safer, qui lève le lièvre. Et c’est assez spectaculaire.

Un effet Covid et loi Climat

Dans son étude annuelle sur le prix des terres en 2021, la Safer note que la valeur des terrains agricoles pour la construction a flambé avec une augmentation de 30%. Et que le nombre d’opérations a aussi grimpé en flèche, de 23,5%. Il s’agit de projets à venir pour des maisons individuelles ou des zones d’activités. C’est un niveau de consommation du foncier inédit depuis 2009. Il s’explique par l’effet Covid-19 : le rattrapage des projets gelés et l’envie de nature. Mais pas seulement.

C’est aussi un effet loi Climat. Le texte voté en juillet 2021 prévoit de réduire sensiblement l’artificialisation des terres à partir de 2030. Les propriétaires auraient donc profité d’une fenêtre de tir, explique Loïc Jégouzo, adjoint au directeur des études de la Safer : "C'est l'anticipation des principes du zéro artificialisation nette qui a été édictée dans la loi climat et résilience qui prévoit, à horizon 2050, un zéro artificialisation nette et qui, dès 2031, prévoit une réduction de 50% de cette consommation d'espaces agricoles, naturels et forestiers." 

Et cela peut aussi créer un effet d’entraînement : plus une commune consomme de terre aujourd’hui plus elle pourra consommer en 2030 avant l'objectif du zéro artificialisation de 2050, qui permet tout de même de construire s’il y a compensation. 

"Raser une maison sur trois"

L’association des maires des communes rurales (AMRF) estime, de son côté, qu’il y a une forte pression pour construire sur le littoral, en Bretagne ou en Nouvelle-Aquitaine. Elle demande notamment des efforts financiers de la part du gouvernement pour sortir du tout pavillon à la campagne. "Il faut des moyens supplémentaires si on doit retravailler le bâti ancien, défend Sébastien Gouttebel, vice-président de l’AMRF et Maire de Murol (Puy-de-Dôme). Peut-être qu'on va retravailler aussi sur le petit habitat collectif, avec des jardins partagés, des parties privatives extérieures. Peut-être que dans nos bourgs, il faudra raser une maison sur trois pour recréer des zones de stationnement, des zones de jardins. Et tout ça, il faudra qu'on ait des moyens dédiés, parce qu'autant les grandes métropoles arriveront toujours à sortir des grands projets de bureaux, de complexes de logements, autant dans nos campagnes, on n'a pas de moyens spécifiques pour faire ça".

Les maires comptent aborder le sujet d’ici quelques jours avec la nouvelle ministre de la Transition écologique, Amélie de Montchalin, alors que les premiers décrets du volet artificialisation de la loi Climat viennent d’être publiés.

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