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Baisse du chômage en août : trois raisons d'espérer

Selon plusieurs économistes, la première baisse depuis plus de deux ans du nombre d'inscrits à Pôle emploi traduit un frémissement de reprise. 

Article rédigé par Catherine Fournier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
En septembre 2013, à trois mois de l'échéance fixée par François Hollande, il y avait 10 000 demandeurs d'emploi en plus en France métropolitaine. (NICHOLAS MONU / GETTY IMAGES)

La phase dure de la crise est-elle derrière nous ? Selon plusieurs économistes, la première baisse du chomâge depuis plus de deux ans, enregistrée en août 2013, traduit un frémissement de reprise. Et ce même si les chiffres sont un peu faussés par le boom inexpliqué des sorties de listes. "A chaque retournement de tendance, les chiffres paraissent suspects. Mais ils ne peuvent être accidentels ou liés à des incidents techniques", estime Jean-Louis Dayan, directeur du Centre d'études de l'emploi, contacté par francetv info. 

Voici trois raisons d'espérer, assorties de bémols. 

Les entreprises limitent les réductions d'emploi

En dehors des sorties de listes pour "défaut d'actualisation", deux indicatifs sont clairement positifs dans les chiffres d'août (PDF). Celui des entrées à Pôle emploi, qui reculent de 9,4% par rapport à juillet, et celui des offres d'emploi déposées par les entreprises, qui augmentent de 9,8%.

Le rebond de l’activité au deuxième trimestre commencerait ainsi à se faire sentir dans les pratiques des employeurs. Les fins de CDD ont diminué de 7%, les fins de mission d’intérim de 9% et les licenciements économiques de 1,6%. "C'est donc dans tout le tissu économique que la situation s’améliore", souligne le ministre du Travail, Michel Sapin. Une analyse partagée mais nuancée par Philippe Waechter, économiste chez Natixis : "Les chefs d'entreprise percevant une amélioration de la conjoncture (...) limitent les réductions d’emploi mais n’embauchent pas encore."

Mais le chômage longue durée augmente. Cet indicateur vient ternir les deux autres. Le nombre de demandeurs d'emploi inscrits depuis un an ou plus sur les listes de Pôle emploi augmente de 0,4%. Comme le souligne France Info, le cap symbolique des 500 jours d'ancienneté moyenne à Pôle emploi a été passé en août.  

Le chômage des jeunes recule, celui des seniors se stabilise

Pour Michel Sapin, "l'inversion de la courbe du chômage pour les jeunes est déjà une réalité". Août marque en effet le quatrième mois consécutif de reflux chez les moins de 25 ans, avec 2,9% de demandeurs d'emploi en moins (-3,6% pour la seule catégorie A). Quant au chômage des seniors (catégories A, B, C), il se stabilise, à -0,1%. 

Mais les contrats aidés y sont pour beaucoup. La montée en puissance des contrats d'avenir (60 000  signés sur un objectif de 100 000 en fin d'année) commence à produire ses effets sur le chômage des jeunes. Ce qui fait dire à Christian Jacob, député UMP, que "nous sommes dans une vraie opération de mystification. Ce sont des emplois qui ne sont pas créés par un retour de l'activité, par des points de compétitivité gagnés par les entreprises, mais par du financement public". Les contrats de génération, destinés à soutenir à la fois le recrutement des jeunes et le maintien en emploi des seniors, peinent en revanche à décoller, avec un peu plus de 10 000 contrats validés sur les 75 000 visés en 2013, selon Le Monde.  

La tendance se confirme à l'échelle européenne 

La hausse du nombre de chômeurs a déjà ralenti ces derniers mois en France. Selon Philippe Waechter, "on est dans une phase un peu attentiste [du côté des entreprises] et une bascule est probablement en train de se mettre en place". Une logique qui "devrait perdurer", poursuit l'économiste, "car une dynamique positive de l’activité économique résultant de la reprise européenne est perceptible". A l'échelle européenne, l'embellie se profile en effet : pour la première fois en deux ans, le nombre de chômeurs a reculé en juin et s'est stabilisé en juillet, selon les chiffres d'Eurostat.

Mais la croissance devra prendre le relais. Si la reprise est là, l'activité économique reste trop faible pour espérer renverser à court terme la courbe avec des créations d'emplois dans le privé. Ainsi, si l'Unédic (assurance chômage) a annoncé jeudi 26 septembre s'attendre à un "fort ralentissement" du nombre de chômeurs au second semestre, elle prévoit un regain en 2014. Pour inverser durablement la courbe du chômage, il faudrait, selon les économistes, environ 1,5 point de croissance annuelle du PIB. C'est bien au-delà des chiffres attendus en 2013 (0,1) et même 2014 (0,9). Jean-Marc Ayrault l'a lui-même reconnu : "Pour que la situation s'améliore dans la durée, il faut aussi que la croissance reparte, que les entreprises puissent investir ou embaucher." Le Premier ministre justifie ainsi la nécessité de baisser le coût du travail pour les employeurs, un des enjeux du budget 2014.

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