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Chômage : comment expliquer les 270 000 sorties de listes de Pôle emploi ?

En août, le nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A a connu sa plus forte baisse depuis treize ans. Des chiffres à prendre avec précaution. Francetv info vous explique pourquoi. 

Article rédigé par Catherine Fournier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Un salon de l'emploi organisé par Pôle emploi à Nantes (Loire-Atlantique), en janvier 2013.  (ALAIN LE BOT / AFP)
Une satisfaction teintée de prudence. C'est la réaction affichée par le gouvernement après la publication des chiffres du chômage pour le mois d'août 2013. Les statistiques de Pôle emploi diffusées mercredi 25 septembre font état d'une diminution de 1,5% (-50 000) du nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A (sans activité sur le mois précédent). Il faut remonter à novembre 2000 pour retrouver une baisse de cette ampleur (-53 700), relève l'économiste Philippe Waechter sur son blog. Et c'est la première fois depuis avril 2011 que la courbe connaît une inflexion. 
 
Pour autant, un chiffre reste inexpliqué : le nombre de personnes désinscrites des listes de Pôle emploi pour défaut d'actualisation de leur situation. Chaque fin de mois, les chômeurs sont tenus de déclarer leur situation auprès de l'organisme. S'ils ne le font pas, ils sont automatiquement radiés des listes, rappelle Le Monde.fr. D'ordinaire, ce nombre oscille autour de 200 000. En août, il explose, passant à 277 500, soit près de 40% de personnes désinscrites de plus qu'en juillet.  
Chiffres publiés dans le relevé mensuel de la Dares pour le mois d'août 2013. (DARES / FRANCETV INFO)

Une "manipulation statistique" selon l'UMP

Comment Pôle emploi justifie-t-il une telle variation ? Prenant les devants, la Dares (le service statistiques du ministère du Travail) indique sur son relevé mensuel qu'"à ce jour, aucun incident d'enregistrement dans le système d'information de Pôle emploi ou changement dans les modalités ou règles de la procédure d’actualisation de la situation du demandeur d’emploi n’a été identifié". En clair, ni bug, ni modification des règles de fonctionnement ne viennent éclairer ce chiffre.
 
Du coup, les interprétations ne se sont pas fait attendre, notamment du côté de l'opposition. L'UMP a aussitôt parlé de "manipulation statistique" pour aller dans le sens de la promesse de François Hollande d'inverser la courbe du chômage à la fin de l'année. A l'extrême gauche, on s'interroge aussi : "Si c'était vrai, j'applaudirais. Mais je ne comprends pas comment le chômage peut baisser quand l'activité économique elle-même baisse", lance Jean-Luc Mélenchon, co-président du Parti de gauche. 

Des difficultés techniques fin août

"S'agit-il de personnes ayant retrouvé un emploi et ne l'ayant pas signalé à Pôle emploi, ou de simples oublis d’actualisation qu’ils corrigeront en septembre ?", s'interrogent Les Echos. "Ça peut être des chômeurs qui ne sont pas allés à leur rendez-vous mensuel ou qui ont mal rempli leur dossier au cours du mois d’août", suggère de son côté Eric Heyer, économiste spécialiste de l’emploi, sur Europe 1. L'effet vacances ne peut en revanche être retenu car il n'y a pas de précédent. 
 
Autre hypothèse, avancée par LeMonde.fr : les difficultés techniques rencontrées par le site de Pôle emploi fin août ont pu compliquer les actualisations.

Un revers en septembre ?  

Et si ce chiffre traduisait malgré tout une reprise ? Selon Jean-Louis Dayan, directeur du Centre d'études de l'emploi contacté par francetv info, les études menées précedemment sur cette "boîte noire", intitulée "cessation d'inscription pour défaut d'actualisation", montrent que "les proportions sont équivalentes à celles des motifs de sorties connus". Dans ce cas, "les désinscriptions pour reprise d'emploi représenteraient un tiers des 277 500 radiations", calcule-t-il
 
Le verdict tombera certainement en septembre, avec un effet de correction. Selon Les Echos, "le risque est très clairement qu’il y ait alors un gros effet balancier avec un boom des réinscriptions". Anticipant cet éventuel revers, l'exécutif n'a eu de cesse de le rappeler depuis mercredi : "Il n'y aura d'inversion durable" de la courbe du chômage que si la baisse se poursuit "sur plusieurs mois".

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