Index de l'égalité professionnelle femmes/hommes : "Il y a quand même un sens de l'histoire dans lequel on doit s'inscrire", reconnaît un patron
Dimanche est la date limite pour publier l'index de l'égalité professionnelle femmes/hommes, cet indicateur créé l'an dernier pour les grandes entreprises et qui s'étend désormais aussi aux sociétés entre 50 et 250 salariés, soit près de 30 000 en France.
Calculer l'index égalité salariale entre homme et femme, c'est parfois un casse-tête, notamment pour les petites structures à leur tour concernées par l'indicateur lancé l'an dernier pour les grandes entreprises. Alors le ministère leur a proposé des stages pour pouvoir poser toutes les questions. Assia Hifi, chargée de mission à l'égalité salariale en a organisé certains pour la Direccte des Hauts-de-France, la direction régionale du ministère du Travail. "Le travail préparatoire peut paraître assez complexe et assez lourd, reconnaît-elle. Au final, quand on explique calmement toutes les étapes préparatoires, les inquiétudes s'enlèvent un petit peu."
Certaines entreprises sont surprises de voir qu'elles peuvent avoir des inégalités de salaire dans leur entreprise parce que dès fois on n'en est pas conscient et c'est là que l'index prend tout son sens.
Assia Hifi, chargée de mission à l'égalité salariale chez Direccteà franceinfo
Environ 15% des petites entreprises ont participé à ces ateliers. Mais elles sont surtout très nombreuses à avoir demandé des informations par téléphone sur le numéro dédié. Justine Tellier est chargée des ressources humaines chez Alpha FMC, un cabinet de conseils parisien. Avec 70 salariés, ce tout premier index n'a pas été si facile à calculer, dit-elle. "La décomposition de nos fiches de paye, quelles primes, comment les soustraire ?... C'est plus des questions comme ça et c'est ce qui a pris le plus de temps, relate-t-elle. Mais au final, les documents étaient assez bien faits donc ça a facilité un peu les choses de ce point de vue-là."
Le résultat final paraît en effet satisfaisant avec un index de 88 sur 100, avec quand même un déséquilibre à noter : il y a seulement deux femmes dans les dix plus gros salaires de la société. Ce n'est pas une découverte, avoue Charles-Antoine Desjardins, l'un des associés d'Alpha FMC mais l'index va pousser l'entreprise à progresser, affirme-t-il. "Ce sont des choses dont on avait conscience et c'est une manière pour nous de le factualiser, de le rendre tangible parce qu'on n'avait pas mis de chiffres. Et on ne peut bien suivre que ce qu'on arrive correctement à mesurer. Il y a quand même un sens de l'histoire sur ces sujets-là qu'on ne peut pas nier, dans lequel on doit s'inscrire. Et c'est clairement une bonne chose d'avoir ce type d'indicateur", estime-t-il.
Un indicateur contesté
Toutes les entreprises de plus de 50 salariés sont donc désormais tenues de publier leur index égalité femmes/hommes sur leur site internet. Mais toutes ne le mettront pas en avant. D'autant plus que l'indicateur est très contesté. Pour les associations et les syndicats, c'était une victoire en 2019, mais un an plus tard ils sont amers, comme l'explique Sophie Binet, chargée de l'égalité femmes/hommes à la CGT. Elle considère cet index opaque et peu fiable.
Comme il n'y a aucune transparence en direction des représentants du personnel, des syndicats ou de l'inspection du travail, les entreprises en fait s'auto-évaluent et on ne peut pas contrôler la note qu'elles se mettent.
Sophie Binet, chargée de l'égalité femmes/hommes à la CGTà franceinfo
"Nous savons qu'il y a un certain nombre d'entreprises qui ont modifié le calcul des critères pour s'octroyer une meilleure note, affirme Sophie Binet. Nous l'avons signalé au ministère du Travail et aux inspections du Travail qui nous ont dit qu'elles n'avaient pas les moyens légaux de vérifier et donc que ces entreprises ne seraient pas sanctionnées."
Les contrôles portent en effet sur la publication de l'indice, plus que sur son calcul. Et c'est tout le problème, car les entreprises peuvent ensuite s'appuyer sur leurs bons scores pour ne plus faire d'effort supplémentaire vers l'égalité salariale. Les collectifs féministes et les syndicats n'excluent pas de lister publiquement les entreprises en question. La mauvaise image qui en découle permettrait peut-être de relancer les négociations.
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