Ségolène Royal trouve les tomates bio d'Espagne "immangeables" et provoque la colère de Madrid

De nombreux agriculteurs français accusent l'Espagne de pratiquer une "concurrence déloyale" en appliquant les règles sanitaires de manière moins contraignante.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Ségolène Royal à Paris, le 9 octobre 2023. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS / AFP)

"Vous avez goûté les tomates soi-disant bio espagnoles ? C'est immangeable !" Ces propos de l'ex-candidate à la présidentielle française Ségolène Royal, tenus sur BFMTV mardi 30 janvier, ont été la pique de trop pour de nombreux responsables politiques et médias espagnols, qui parlent déjà de "guerre de la tomate".

Comme de nombreux agriculteurs français, l'ancienne ministre de l'Environnement estime qu'il existe un déséquilibre dans l'application des règles phytosanitaires européennes. "Le bio espagnol est un faux bio", a déclaré Ségolène Royal, pour qui "les fruits et légumes espagnols ne respectent pas les normes françaises."

Ces propos ont suscité la stupéfaction en Espagne, parfois surnommée le "potager de l'Europe", du fait de son rang de premier exportateur européen de fruits et légumes. "Nous ne pouvons pas permettre que des déclarations infondées ruinent tout un secteur", a réagi dans un communiqué l'association professionnelle espagnole de production biologique, en rappelant que les mêmes règles s'appliquaient en France et en Espagne.

Des camions espagnols pris pour cible

De tels propos sont "inappropriés", surtout de la part d'une personne qui a eu "des responsabilités gouvernementales", a souligné la ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera. Interrogé après un sommet européen à Bruxelles, le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez lui-même a ironisé en estimant que Ségolène Royal n'avait "pas eu la chance de goûter aux tomates espagnoles"

"Je l'invite à venir en Espagne (...) et elle verra que la tomate espagnole est imbattable."

Pedro Sanchez, Premier ministre espagnol

lors d'une conférence de presse

Dans le cadre des manifestations en France, de nombreux camions venant d'Espagne ont été pris pour cible ces derniers jours. "Tous les jours, nos camions sont dévalisés et pillés (...) Les chauffeurs ont peur de circuler car les manifestants les menacent et les insultent", a alerté la Confédération espagnole du transport de marchandise, l'une des principales organisations du secteur.

Le Premier ministre espagnol a assuré avoir évoqué ce sujet avec Emmanuel Macron. "Je pense qu'il est très important de respecter les manifestations pacifiques" mais il faut "condamner fermement tout type d'action violente", a souligné Pedro Sanchez, en défendant la qualité de l'agriculture "made in Spain". "Les produits espagnols ne bénéficient d'aucun avantage concurrentiel par rapport à d'autres produits sur le marché intérieur" européen, a-t-il insisté.

Ces crispations n'ont pas empêché les trois principaux syndicats agricoles espagnols d'annoncer mardi qu'ils rejoignaient le mouvement de colère des agriculteurs européens, dénonçant la "bureaucratie étouffante générée par les réglementations européennes". Le secteur agricole espagnol est l'un des plus gros consommateurs de produits phytosanitaires en Europe, mais il est néanmoins en difficulté, notamment en raison de la sécheresse qui sévit depuis trois ans dans le pays.

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