Cet article date de plus de huit ans.

L'article à lire pour tout comprendre à la crise financière chinoise

Article rédigé par Yann Thompson
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Un actionnaire surveille l'évolution des cours, le 25 août 2015, à Kuala Lumpur (Malaisie). (OLIVIA HARRIS / REUTERS)

Vous restez insensible à ces histoires de "lundi noir", de krach boursier et de croissance chinoise atone ? Cela devrait aller mieux après cet article !

Pendant que les Mondiaux d'athlétisme se disputent à Pékin (Chine), un concours de plongeon se déroule à la Bourse de Shanghai. La principale place financière chinoise s'est écroulée de 7,63%, mardi 25 août, après avoir dévissé la veille de 8,49%, soit la plus grande chute journalière enregistrée depuis huit ans. En arrière-plan, c'est toute l'économie chinoise qui boit la tasse, et menace le reste de l'économie mondiale. Francetv info vous explique tout cela, étape par étape.

1Alors, comme ça, la Chine n'est plus ce qu'elle était ?

Eh oui, les belles années de croissance à deux chiffres semblent révolues pour la Chine. Depuis 2010, le rythme a ralenti, jusqu'à atteindre, l'an dernier, une progression du PIB de "seulement" 7,4%. Du jamais-vu depuis 1990. L'horizon n'est pas près de s'éclaircir, car Pékin ne vise qu'une croissance de 7% pour 2015 – un chiffre beaucoup trop optimiste, selon de nombreux observateurs.

Concrètement, la Chine, autrefois "atelier du monde", peine de plus en plus à exporter ses produits, et l'activité manufacturière n'avait jamais été aussi basse depuis six ans. Ses importations fléchissent aussi, à cause d'une demande intérieure insuffisante. Bref, le coup de booster de l'économie chinoise est terminé.

2Le gouvernement chinois n'avait rien vu venir ?

Si, et il s'y est préparé. Depuis deux ans, Pékin vante un "rééquilibrage" vers une croissance moins forte, mais plus durable. Il s'agit de s'appuyer davantage sur le pouvoir d'achat des Chinois, et moins sur les exportations, tout en encourageant le secteur privé. Mais la transition est douloureuse, et le gouvernement se retrouve à jouer un rôle de pompier qu'il n'avait pas forcément anticipé.

Ces derniers mois, pour soutenir la croissance, le gouvernement a multiplié les mesures de relance, les baisses de taux d'intérêt, les achats de titres et même les dévaluations de sa monnaie. Ces opérations n'ont pas vraiment arrangé la situation du pays, et l'abaissement du taux de référence du yuan a même été vu à l'étranger comme un révélateur inquiétant de la grippe de l'économie chinoise.

3Et la Bourse dans tout cela ?

Grippée, elle aussi. Entre juin 2014 et mai 2015, la Bourse de Shanghai s'est envolée de 150%, prise d'assaut par des Chinois incités par le gouvernement à y placer leurs économies. L'indice s'est retrouvé complètement déconnecté de l'économie réelle, et ce qui devait arriver arriva, en juin : un plongeon de 30% en trois semaines. Depuis, la dégringolade se poursuit.

"On a eu en Chine l'éclatement d'une bulle sur le marché de Shanghai, qui avait connu une hausse spectaculaire, confirme à francetv info Philippe Waechter, chef économiste chez Natixis AM. On assiste actuellement à un ajustement par rapport à l'économie réelle."

4Et bim, on se retrouve avec le krach boursier de lundi ?

Il fallait bien que le plongeon chinois éclabousse les Bourses mondiales. "L'investisseur a peur, résume Franklin Pichard, directeur de Barclays Bourse. Il s'interroge sur la réalité du niveau de croissance de la Chine, craignant qu'un atterrissage trop brutal de l'économie chinoise n'entraîne un ralentissement plus prononcé de l'économie mondiale."

Dès vendredi, le CAC 40 avait enregistré une quatrième séance de baisse consécutive et le Dow Jones était tombé à son plus bas niveau de l'année. Durant le week-end, malgré l'aggravation de la situation, la Banque centrale chinoise est restée muette, décevant les investisseurs. Ces derniers ont ainsi cédé à la panique, lundi : -5,96% à Milan, -5,35% à Paris, -4,67% à Londres, -4,61% à Tokyo et -3,58% à New York.

5Les Bourses souffrent, d'accord, mais qu'en est-il de l'économie réelle ?

Les actionnaires ne sont pas les seules victimes de la crise chinoise. L'avenir s'assombrit aussi pour les pays émergents producteurs de matières premières (minerais, céréales, etc.). Exemple avec le pétrole : la Chine étant le deuxième plus gros consommateur mondial de pétrole, la crise fait craindre une chute de la demande, et entraîne une baisse des cours. Le brut léger américain a ainsi connu huit semaines de baisse consécutives, une première depuis 1986.

Du coup, on tremble du côté du Brésil, de la Russie, de l'Afrique du Sud, du Nigeria ou encore de l'Algérie, où les économies sont fortement dépendantes des matières industrielles prisées par la Chine. En outre, les investissements chinois dans ces pays risquent de décliner.

6Et la France ? Adieu les espoirs de reprise ?

Pas forcément, car il y a du bon et du mauvais dans cette crise. Les dévaluations du yuan vont rendre les produits chinois moins chers en France, ce qui est bon pour relancer la consommation. La baisse des cours du pétrole et des matières premières va aussi bénéficier au pouvoir d'achat des ménages français.

A l'inverse, les entreprises françaises fortement installées en Chine vont souffrir, à l'instar de Carrefour et de PSA Peugeot Citroën. Plus globalement, la France risque de pâtir du ralentissement de la croissance mondiale. En fin de compte, l'impact de la crise chinoise sur la croissance française ne devrait pas aller "au-delà de quelques dixièmes de point" de PIB, estime Manuel Valls.

7Bon, ce n'est pas la cata finalement ?

On peut dire cela. "Nous ne sommes absolument pas à la veille d'une crise mondiale", assure Jean-Hervé Lorenzi, le président du Cercle des économistes, sur France Info"Il ne faut pas faire de parallèle avec ce qui s'est passé en 2008 ou même en 2001, abonde Eric Heyer, économiste à l'OFCE, sur France 2. Le système bancaire ne devrait pas être touché."

Mardi, de nombreuses places mondiales ont d'ailleurs rattrapé une partie de leurs pertes de la veille. Accueillant avec le sourire l'annonce par la Banque centrale chinoise d'une nouvelle baisse des taux d'intérêt, la Bourse de Paris a fini en forte hausse de 4,14%, celle de Francfort à 4,97% et celle de Londres à 3,09%.

8J'avoue, j'ai eu la flemme de tout lire et j'ai scrollé jusqu'en bas. Je peux avoir un résumé ?

Devenue l'un des principaux moteurs de l'économie mondiale, la Chine connaît depuis le début de l'été une crise boursière. A Shanghai, la principale place du pays, les cours ont plongé de près de 8%, lundi, provoquant un bref mouvement de panique à l'échelle mondiale. De nombreuses places ont réussi, dès mardi, à résorber l'essentiel de leurs pertes.

Le coup de mou de la croissance chinoise risque toutefois d'avoir des effets à plus long terme sur l'économie mondiale. Les pays émergents sont en première ligne face à la baisse des cours des matières premières, due au ralentissement de la demande en Chine. Du côté français, les prix des produits chinois pourraient baisser et relancer la consommation. L'impact sur l'économie devrait donc être limité, même si la reprise pourrait s'en trouver un peu plus retardée.

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