Revalorisation salariale pour le médico-social : "ll y avait urgence", souligne le président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis
Stéphane Troussel a alerté sur le fait que "les départements n'ont pas de planche à billets" et craint des inégalités entre les départements qui pourront financer et les autres qui devront faire des économies sur "d'autres postes de dépenses".
Stéphane Troussel, président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, porte-parole d’Anne Hidalgo, a estimé vendredi 18 février sur franceinfo qu’"il y avait urgence parce que des missions commencent à ne plus pouvoir être exercées, faute de professionnels". Le gouvernement a annoncé une revalorisation salariale de 183 euros net par mois pour 140 000 éducateurs spécialisés ou assistants sociaux, travaillant dans les secteurs de la protection de l'enfance ou de l'aide aux personnes vulnérables. Jean Castex présentera ce vendredi la mesure lors de la Conférence des métiers de l’accompagnement du social et médico-social. Elle sera financée à 70% par l’État et 30% par les départements.
franceinfo : Fallait-il faire un geste pour les acteurs du médico-social ?
Stéphane Troussel : Oui, parce qu'il y avait urgence, qu'il s'agisse du secteur associatif ou de nos propres services publics notamment, en particulier dans les départements. Nous voyons bien les difficultés et même l'urgence absolue qu'il y avait d'agir compte tenu d'une forme d'épuisement professionnel d'un certain nombre de nos collaborateurs, collaboratrices. Ces métiers qui sont exercés au quotidien au plus près des personnes, des enfants, mais aussi des personnes en situation de fragilité, des personnes vulnérables. Et au lendemain de cette crise sanitaire qui a aggravé encore les difficultés d'un certain nombre de nos concitoyens les plus fragiles, il y avait maintenant une urgence parce que des missions commencent à ne plus pouvoir être exercées, faute de professionnels, faute d'attractivité de ces métiers, et donc une crise des vocations.
Le coût de la mesure est estimé à 540 millions d'euros pour cette année, payé par l'État à 70% et par les départements à 30%. Comment allez-vous financer ?
Ce 70-30% n'est pas négligeable. Je veux alerter parce que les départements n'ont pas de planche à billets. Nous n'avons pas de levier fiscal. Bien sûr, il est normal que les départements participent parce qu'il y a une partie des professionnels concernés qui sont des collaborateurs départementaux, mais j’ai une crainte de création de nouvelles inégalités entre territoires parce que les départements qui ont moins de moyens que d'autres devront faire des choix devront faire des arbitrages. Le département n'a pas de recettes supplémentaires pour faire face à des situations comme celle-ci. Et donc, j'alerte quand même sur les nouvelles inégalités, la capacité d’un département parce qu'il pourrait mettre en œuvre rapidement, massivement la mesure, ne pas être obligé, par exemple, de faire des économies dans d'autres postes de dépenses, et celui d'à côté qui devra en faire.
Allez-vous aborder la question de la formation ?
Oui, à la fois la formation, la rémunération et les conditions de travail. Il y a quelques années, Martine Aubry avait évoqué la société du "care", la société de la bienveillance, pour justement dire que notre société va être concernée par le vieillissement de sa population, par le fait qu’il y a des attentes très fortes en matière de situations de handicap. On voit bien, par exemple, ce qui s'est passé ces derniers mois sur la protection de l'enfance. Quand notre société veut être bienveillante, quand elle veut être attentive, il faut s'en donner les moyens.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.