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Infographie Le sans plomb 98 à plus de 2 euros, le gazole au-dessus d'1,90 euro... Comment les prix des carburants ont augmenté à la pompe

Alors que l'offre fournie par les pays producteurs de pétrole est plus faible que la demande, les prix à la pompe ne cessent d'augmenter. Et la situation ne devrait pas s'améliorer d'ici la fin de l'année.
Article rédigé par Pauline Paillassa
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une station-service à Toulouse (Haute-Garonne), le 12 septembre 2023 (ADRIEN NOWAK / AFP)

Depuis le début de l'été, les prix à la pompe s'envolent, au grand dam des consommateurs français. Le sans plomb 98 est le carburant le plus cher dans les stations-service de France. Il a dépassé un cap symbolique, avec un tarif de 2,01 euros le litre au 15 septembre, soit une hausse de 13 centimes depuis le 7 juillet. Il retrouve ainsi son niveau d'avril.

Mais le sans plomb 95 et le gazole ne sont pas épargnés. Depuis le début du mois de juillet, les différents carburants ont connu des hausses situées entre 9 et 16%. Le gazole, carburant le plus consommé en France, a subi l'augmentation la plus forte. Redescendu à 1,66 euro le litre en mai, il a bondi à 1,94 euro le litre au 15 septembre, soit une augmentation de 28 centimes. Pour trouver des tarifs aussi élevés, il faut remonter à août 2022.

Si les tarifs grimpent, ils restent toutefois loin des records atteints en mars et juin 2022, quelques mois après le début de la guerre en Ukraine. Le 11 mars 2022, le gazole avait atteint un prix record de 2,14 euros. En juin 2022, le sans plomb 98 coûtait 2,20 euros le litre, et ce, malgré une ristourne gouvernementale de 18 centimes, mise en place d'avril 2022 à fin décembre 2022.

Une éventuelle baisse au point mort

Comment expliquer une telle augmentation des tarifs à la pompe ? Les Etats membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ont décidé depuis quelques mois de réduire volontairement leur production, afin de maintenir des prix élevés. "Les pays de l'Opep ajustent leur production en permanence. Quand ils craignent que la demande soit trop faible et qu'il y ait un excédent d'offre, ils ferment le robinet", explique Olivier Gantois, président de l'Union française des industries pétrolières (Ufip).

L'Arabie saoudite a ainsi annoncé en juillet une réduction de sa production d'un million de barils par jour et compte poursuivre cette politique jusqu'à fin décembre. La Russie a également baissé sa production de 500 000 barils par jour en août et de 300 000 en septembre. Le 18 septembre, le prix du baril a ainsi atteint 94,86 dollars, soit 88 euros, un record depuis novembre 2022.

Cette nouvelle hausse s'opère alors que les prix de carburants semblent s'être stabilisés sur un plateau haut depuis le début de l'année.

"La première raison de cette situation, c'est l'augmentation de la demande mondiale de pétrole brut, notamment en Asie."

Olivier Gantois, président de l'Union française des industries pétrolières

à franceinfo

Portées par leur démographique et leur niveau de vie croissant, l'Inde et la Chine tirent la demande globale vers le haut et font ainsi grimper les prix. Autre facteur qui dope les prix : la guerre qui se poursuit entre l'Ukraine et la Russie. "Les marchés sont nerveux quand la Russie, deuxième producteur mondial, est en guerre", expose le président de l'Ufip.

"Tant que la Russie sera en guerre et que la demande mondiale continuera d'augmenter, les prix vont rester élevés."

Olivier Gantois, président de l'Union française des industries pétrolières

à franceinfo

Autre raison invoquée concernant le gazole : la baisse des stocks aux Etats-Unis et surtout "des restrictions dans la disponibilité de certaines raffineries, qui ont créé des tensions sur le marché et fait monter le prix du gazole", ajoute Olivier Gantois.

Une aide pour les plus modestes

Pour faire face à ces augmentations, Emmanuel Macron a annoncé dimanche 24 septembre qu'une indemnité de 100 euros par voiture et par an serait versée pour les travailleurs les plus modestes. Cette mesure devrait concerner 5 millions de Français. L'exécutif compte également sur la bonne volonté des raffineurs. Dans la foulée des annonces du chef de l'Etat, la Première ministre Elisabeth Borne réunira mardi  l'ensemble des acteurs de la filière dans l'espoir de les convaincre de vendre le carburant à prix coûtant.

Le gouvernement avait déjà proposé aux distributeurs de vendre à perte leur carburant. En vain. TotalEnergies et les principaux dirigeants de la grande distribution avaient annoncé qu'ils s'y refusaient. Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, a toutefois déclaré que le dispositif plafonnant le carburant à 1,99 euro dans les stations du géant pétrolier serait maintenu "tant que les prix resteront élevés". Le gouvernement, quant à lui, a exclu une nouvelle ristourne.

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