: Reportage Le foie gras sera rare à Noël : "Au lieu de 100 colis, j’en reçois 10 !", s'inquiète un grossiste de Rungis
En 46 ans de métier à la Halle aux volailles de Rungis, Bruno Courillon pensait avoir tout vu avec sa maison de gros Eurovolailles. Mais cette année, pour les approvisionnements en foie gras, il y a vraiment une rareté inédite. "On a 10% d’arrivages, au lieu de 100 colis, j’en reçois dix !, déplore-t-il. J’ai des clients qui me faisaient encore l’année dernière, 40 colis de foie gras. Là, ils en ont cinq… Trois… Il y a même des jours où il y en a qui n'en ont pas. Je les ai mis sur un carnet de commande et c’est eux qui seront servis le prochain coup. Il y a une liste d’attente. Je gère presque un rationnement sur ma clientèle."
Et pour cause, la production a été quasiment divisée par deux cette année en raison d'une grippe aviaire sans précédent qui a provoqué l’abattage de 16 millions de volailles en un an dont quatre millions de canards qui étaient précisément destinés à la production de foie gras. Il y aura donc des déçus pour Noël, confirme Sacha Ravion de la maison Masse qui fournit restaurants et commerçants. "On n’aura pas de foie gras frais, cru. Par contre, on aura du foie gras surgelé et du mi-cuit. C’est la première fois qu’on voit ça", confirme-t-elle.
"Le foie gras à la base est un produit de luxe. Il était un petit peu redescendu. Mais là, il redevient un produit de luxe."
Sacha Ravionà franceinfo
Et le fléau est européen, donc pas de salut à attendre du côté des grands exportateurs, tranche David Guédon, directeur commercial de la société Foie gras partners, qui travaille exclusivement avec la Hongrie et la Bulgarie. "On perd à peu près 60 à 70% de nos cheptels en oies comme en canards. La situation est très critique et évidemment il y aura un coût. Ça a triplé". Et il se défend de toute spéculation. "C’est justifié. Les aliments ont augmenté, l’énergie a augmenté et ça va continuer. En janvier, février, mars, les prix vont continuer à flamber. Donc, au lieu d’en manger 80 grammes, on en mangera 40 et celui qui va pouvoir s’en servir à table se sentira privilégié, évidemment".
Résultat : au moins 40% d’augmentation, et peut-être jusqu’à 60% à prévoir, selon les cours du prix de gros. Alors le nouveau format à la mode pour le foie gras n’est plus aux tranches, mais aux petites bouchées apéritives.
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