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Manifestations du 1er-Mai : "Des débordements étaient attendus mais les 'blacks blocs' avaient bien prévu leur coup"

Du jamais-vu. Environ 1 200 manifestants cagoulés et masqués se sont placés en amont du cortège parisien, mardi midi. Avant de prendre pour cible un fast-food et une concession automobile.

Article rédigé par franceinfo
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Des militants cagoulés à hauteur du pont d'Austerlitz, à Paris, lors des manifestations du 1er mai 2018. (THOMAS SAMSON / AFP)

Cagoulés, vêtus de noir et prêts à en découdre avec la police. Plus d'un millier d'individus ont infiltré le cortège parisien du 1er-Mai. Jets de pierres, cocktails Molotov... Ils s'en sont notamment pris à un restaurant McDonald's près de la gare d'Austerlitz et à une concession automobile. Franceinfo a interrogé Eddy Fougier, politologue spécialiste des mouvements protestataires. Il explique ce que cherchent ces membres de l'extrême gauche radicale.

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Franceinfo : Qui sont ces "black blocs" à l'origine de ces débordements ?

Eddy Fougier : Ce sont des militants, souvent jeunes, souvent sans travail, qui vivent dans des squats. Ils appartiennent à des groupuscules radicaux de l’ultra gauche, à des mouvements anarchistes, à des mouvements anarcho-autonomes… Ils profitent du désordre qui peut exister dans une manifestation pour commettre des dégradations de biens qu’ils considèrent comme symboliques. Le restaurant McDonald's d'Austerlitz était une cible parfaite pour dire tout le mal qu'ils pensent du capitalisme. Mais cela peut aussi être des distributeurs de billets, des agences immobilières...

L'action violente est-elle une de leurs spécificités ?

Pour eux, la violence est la seule réponse possible face à ce qu'ils considèrent comme de la violence d'Etat. En clair, puisque l'Etat est violent, nous n'avons pas d'autre choix que d'être violent. Et pour eux, l'incarnation même de l'Etat, ce sont les forces de l'ordre qu'ils prennent donc pour cible.

Il faut bien comprendre qu'ils ne cherchent surtout pas à se rendre sympathiques ou à avoir l'opinion publique avec eux. Ce qu'ils veulent, c'est créer de la tension, du chaos.

Eddy Fougier

à franceinfo

Ce qui est arrivé à Paris était donc prévisible ? 

Je dirais même que les débordements étaient attendus. Les "black blocs" avaient bien prévu leur coup. D'abord parce que le 1er-Mai est une date symbolique. Ensuite parce que le contexte social particulièrement tendu s'y prêtait. Les mouvements dans les universités, l'évacuation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes...

Ces derniers jours, j'ai vu sur les réseaux sociaux beaucoup d'appels à des actions à l'occasion de ce 1er-Mai. Ce qui me surprend, en revanche, c'est le nombre.

Eddy Fougier

à franceinfo

C'est-à-dire ?

Lors des manifestations contre la loi Travail en 2016, on parlait de 200 ou 300 individus, pas plus. Cette fois, la préfecture de police de Paris évoque 1 200 personnes. Pour le coup, c'est du jamais-vu chez nous. C'est difficile de les dénombrer puisqu'ils avancent masqués, qu'ils agissent dans la clandestinité... Mais il y a quelques années, nous nous accordions entre spécialistes sur un chiffre de 300. Vu ce qu'il s'est passé aujourd'hui, il était sous-évalué.

Comment s'organisent-ils ?

Ils préparent leurs actions sur internet, communiquent entre eux par messages codés, disposent de planques pour agir par surprise.

Je dirais qu'ils se "professionnalisent" d'année en année. Par exemple, tous disposent de numéros d’avocats à contacter en cas de placement en garde à vue.

Eddy Fougier

à franceinfo

Il y a encore quelque temps, ce n'était pas le cas. Leurs rangs sont aussi grossis par des militants étrangers. Des Allemands, des Hollandais, des Britanniques notamment...

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