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"Plus de 70 femmes tuées par leurs conjoints" : il faut "un ressaisissement de toute la société", exhorte Marlène Schiappa

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Article rédigé par franceinfo
Radio France

"Nous travaillons sur l'accès à la plainte, parce qu'il y a énormément de violences conjugales qui ne sont pas dénoncées", a notamment déclaré la secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les hommes et les femmes.

"Je ne vais pas vous dire que tout va bien, ce n'est pas le cas sinon on n'aurait pas plus de 70 femmes tuées par leurs conjoints", a réagi lundi 1er juillet sur franceinfo Marlène Schiappa, secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les hommes et les femmes.

"Ça veut dire qu'il doit y avoir un ressaisissement de toute la société dans son ensemble" sur la question des violences conjugales, "y compris des témoins qui doivent pouvoir alerter. Le gouvernement fait et fera tout ce qui est en son pouvoir, mais le gouvernement ne peut pas tout tout seul. Nous avons besoin d'être aidés et soutenus, le gouvernement peut encore plus et nous y travaillons", a-t-elle poursuivi.

Alors que la Fondation des femmes a réclamé sur France Inter un "Grenelle des violences faites aux femmes" et qu'un collectif de familles et de proches de victimes de féminicides dans une tribune publiée dimanche dans Le Parisien, appelle à un rassemblement le 6 juillet prochain à Paris. Marlène Schiappa dit respecter "profondément la douleur de ces familles et de ces proches de victimes".

"Insupportable de voir des téléphones qui sonnaient dans le vide"

"Ce qui est complètement insupportable pour nous les pouvoirs publics, c'est d'entendre que des femmes ont déposé des plaintes, parfois une fois, parfois deux, trois, cinq fois, mais que rien n'a a été fait suffisamment fortement, pour les mettre à l'abri, les protéger".

"Nous travaillons sur l'accès à la plainte, parce qu'il y a énormément de violences conjugales qui ne sont pas dénoncées", déplore Marlène Schiappa. C'est pour ça que nous avons augmenté le budget du 39 19, le numéro d'urgence, de 120 000 euros avec un objectif de 100% des appels pris, c'était insupportable pour moi quand je suis arrivée de voir qu'il y avait des téléphones qui sonnaient dans le vide".

"Nous avons lancé avec Christophe Castaner [ministre de l'Intérieur] et Nicole Belloubet [ministre de la Justice] une plateforme qui mobilise deux unités de gendarmes et de policiers, une vingtaine, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7", explique la secrétaire d'État.

"Quand vous êtes témoin, vous pouvez contacter la police ou la gendarmerie. Quand vous êtes témoin d'une violence conjugale, appelez la police. Allez au commissariat déposer des témoignages, ça aidera ces femmes et c'est pour ça qu'on a créé cette plateforme de dialogue avec les policiers et les policières", a insisté Marlène Schiappa.

530 millions d'euros sur l'égalité femmes-hommes

"Il y a eu plus de 5 000 signalements qui ont été faits, plus de 1 000 ont donné lieu à des plaintes directes. Vous avez au bout du chat des policiers qui vous aident à construire votre plainte à la qualifier et à prendre un vrai rendez-vous. Le ministre de l'Intérieur a lancé le recrutement de 73 psychologues sur tout le territoire pour accompagner ces femmes au moment des plaintes dans les commissariats", développe Marlène Schiappa.

Elle est revenue sur le budget consacré à ces violences, "il y a 530 millions [d'euros] sur l'égalité femmes-hommes, au global et pas uniquement contre les violences, on a augmenté les subventions des associations de façon très forte et ça n'a pas fait réduire mécaniquement le nombre de meurtres. Hélas si on faisait un chèque et que ça réglait tous les problèmes on le ferait, ça n'est pas le cas, je pense qu'il faut qu'on travaille davantage les politiques publiques, pour aller en face des moyens".

Marlène Schiappa donne l'exemple "des téléphones 'graves dangers' qu'on peut attribuer à des femmes, il y a actuellement plus de téléphones 'graves dangers' qui sont financés par l'Etat que de téléphones 'graves dangers' en circulation, ce qui veut dire qu'il y a quelque part des téléphones qui ne sont pas attribués, parce qu'il n'y a pas la décision de justice en face, c'est ce sur quoi nous devons travailler et nous sommes tous pleinement mobilisé là-dessus".

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