Meurtre d'Alexia Daval : on vous résume l'ampleur des féminicides conjugaux en quatre chiffres
Le mari d'Alexia Daval, Jonathann Daval, a avoué mardi avoir tué son épouse à la fin du mois d'octobre. En France, une femme meurt encore tous les trois jours des violences d'un ancien ou actuel partenaire.
L'étau s'est finalement resserré autour du mari d'Alexia Daval. Mardi 30 janvier, Jonathann Daval, 34 ans, a avoué avoir tué sa femme à leur domicile de Gray-la-Ville (Haute-Saône) fin octobre, ont annoncé ses avocats. Il a été mis en examen "pour meurtre sur conjoint, encourant la réclusion à perpétuité", a déclaré mardi soir Edwige Roux-Morizot, procureure de la République de Besançon (Doubs).
Face aux arguments présentés par la défense de Jonathann Daval, qui qualifie le meurtre d'"accident" et relève "la personnalité écrasante" d'Alexia Daval, Marlène Schiappa a appelé à "arrêter de minimiser les violences conjugales, arrêter de trouver des excuses". "Ce n'est pas une dispute, ce n'est pas un drame passionnel, c'est un assassinat", a insisté mercredi la secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, sur RTL. Franceinfo rappelle en chiffres l'ampleur des féminicides conjugaux en France.
En 2016, 109 femmes ont été tuées par leur partenaire ou ex-compagnon
En France, en moyenne, une femme est tuée tous les trois jours par son compagnon ou son ex-conjoint. En comparaison, un homme meurt tous les quatorze jours des violences de sa compagne ou de son ex-partenaire.
Sur les 138 personnes tuées par leur conjoint ou conjointe en 2016, 109 étaient des femmes, rapporte l'étude nationale sur les morts violentes au sein du couple, publiée par le ministère de l'Intérieur. Les meurtres de femmes représentent près de 80% des homicides conjugaux dans le pays.
En cinq ans, le nombre de féminicides conjugaux semble avoir légèrement baissé : 147 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint en 2012, contre 115 en 2015 et 109 en 2016, selon cette même étude. Mais le problème persiste, et n'a pas reculé en 2017. Libération a recensé au moins autant de femmes tuées par un partenaire en 2017 qu'en 2016. "Tous les âges sont concernés et tous les milieux", constate le journal.
Dans 97% des cas, l'homme a tué volontairement sa compagne
Une étude du ministère de l'Intérieur avance que très peu de cas d'homicides conjugaux résultent de "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner". En 2016, seules cinq personnes (hommes et femmes) tuées par leur partenaire l'ont été involontairement.
Dans 70% des cas de féminicides conjugaux, il s'agit d'un meurtre, soit "le fait de donner volontairement la mort à autrui", selon le Code pénal. Dans près de 27% des cas, il s'agit d'un assassinat, c'est-à-dire un meurtre "commis avec préméditation ou guet-apens".
Les auteurs de féminicides conjugaux tuent le plus souvent – dans près de 75% des cas – avec une arme à feu ou une arme blanche, selon cette étude. Les morts par strangulation, comme ce fut le cas pour Alexia Daval, ont représenté 11% des féminicides conjugaux en 2016.
Une séparation ou une dispute est à l'origine du féminicide dans 57% des cas
Parmi les principaux mobiles présentés par les auteurs de féminicides conjugaux en 2016, les séparations ou les disputes arrivent en tête. Ainsi, 47 des 109 femmes tuées par un partenaire en 2016 l'ont été parce que l'homme en question refusait leur séparation, selon l'étude nationale sur les morts violentes au sein du couple. Dans 15 cas sur 109, le féminicide a eu lieu après une dispute.
Les autres mobiles de ces meurtres, plus minoritaires, sont multiples : il peut s'agir de jalousie, de difficultés financières, de dépression, ou encore de maladies.
Les situations où l'auteur du féminicide a subi dans le passé des violences de la part de sa victime, comme semble vouloir l'expliquer la défense de Jonathann Daval, sont rares. Ils ont été eux-mêmes victimes de violences conjugales dans moins de 5% des cas, selon l'étude du ministère de l'Intérieur.
Plus de 30% des femmes tuées en 2015 l'ont été par leur conjoint
C'est ce qu'a montré une étude de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), reprenant des données policières datant de 2015. En France, plus d'un féminicide sur deux (52,1%) est le fait d'un membre de la famille de la femme tuée. Et dans 30,8% des féminicides, l'auteur du crime n'est autre que le conjoint ou le compagnon de la victime.
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