Bertrand Cantat renonce aux festivals d'été: "Je suis satisfaite mais étonnée qu'il se rende compte maintenant que c'était indécent", réagit une militante féministe
Valérie Dontenwille, la cofondatrice du collectif Citoyenne féministe, a réagi lundi sur franceinfo à l'annonce de Bertrand Cantat qui annule ses concerts prévus lors des festivals d'été.
Bertrand Cantat a annoncé lundi 12 mars qu’il renonçait à se produire dans les festivals d'été pour "mettre fin à toutes les polémiques". L’ancien chanteur de Noir Désir, condamné pour avoir tué sa compagne Marie Trintignant en 2003, maintient en revanche les dates de sa propre tournée. Plus de 74 000 personnes avaient signé une pétition pour qu’il soit déprogrammé du festival Papillons de nuit, dans la Manche. Valérie Dontenwille, cofondatrice du collectif Citoyenne féministe, à l’origine de cette pétition sur le site change.org, a réagi lundi sur franceinfo à cette annonce.
franceinfo : Êtes-vous satisfaite de cette annonce de Bertrand Cantat ?
Valérie Dontenwille : Je suis bien sûre satisfaite et un peu étonnée qu’il se rende compte maintenant que c’était complètement indécent de se produire dans des festivals. Je regrette juste que les financeurs ne soient pas remis en question, et que les organisateurs de Papillons de nuit n’aient pas remis en cause les mots qu’ils avaient utilisés pour le présenter. Ils parlaient de Bertrand Cantat, "qui s’insurge, qui a le spleen, la rage". Ils le présentaient comme un héros en souffrance, c’était insupportable de voir ces mots-là.
Pourquoi la présence de Bertrand Cantat sur scène vous scandalise ?
Cela me scandalise parce que le jour où il a tué Marie Trintignant en 2003, il est devenu le symbole des violences conjugales. Il l’est toujours. Il y a énormément de témoignages de son extrême violence qui se multiplient. En 2010, avec le suicide de la mère de ses enfants. En novembre dernier, avec un membre du groupe Noir Désir qui dénonce anonymement que Cantat a tenté d’étrangler sa petite amie en 1989. Bertrand Cantat est toujours autour de ce milieu de violences envers les femmes et donc c’est insupportable de le voir médiatisé et mis en lumière comme cela.
Il a été condamné à huit ans de prison en 2003. La ministre de la Culture estime qu’il a payé et qu’il a le droit de continuer à vivre. Qu'en pensez-vous ?
Je trouve cela assez irresponsable. Je trouve que c’est nier toutes les violences conjugales que vivent les femmes en France. En France, c’est en moyenne 225 000 femmes qui sont victimes de violences conjugales sur un an. C’est une femme qui meurt tous les deux jours et demi. C’est une femme sur cinq qui n’ose pas porter plainte. Donc ce n’est pas une émotion en fait, c’est réel. Il faut en être conscient, que les violences conjugales sont partout, dans toute la France.
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