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Affaire PPDA : "Ces nouveaux témoignages me mettent profondément en colère", réagit une des membres du collectif de plaignantes

Selon la journaliste Cécile Delarue, "90 femmes" font désormais partie du collectif de plaignantes contre Patrick Poivre d'Arvor : "Ce que montre toute notre histoire c'est que la sérialité existe, et que la prescription ne devrait pas empêcher de poursuivre."

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Patrick Poivre d'Arvor, en novembre 2018. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

"Ces nouveaux témoignages me mettent profondément en colère", réagit mardi 20 septembre sur franceinfo Cécile Delarue, journaliste et membre du collectif des plaignantes dans l'affaire PPDA.

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De nouvelles plaintes pour agressions sexuelles et viol ont été déposées contre Patrick Poivre d'Arvor, et de nouveaux témoignages publiés dans Libération. Elle regrette qu'autant d'accusations n’aient rien changé pour l'ancien présentateur, "il peut toujours circuler en liberté sans aucun problème", alors que "90 femmes" font désormais partie du collectif de plaignantes. Cécile Delarue estime également que "la prescription ne devrait pas empêcher de poursuivre".

franceinfo : Comment avez-vous réagi à la lecture de ces nouveaux témoignages ?

Cécile Delarue : C'est beaucoup d'émotion et toujours de la colère. C'est l'émotion de voir ces visages à nouveau en Une de ce grand quotidien national, d'y reconnaître le visage d'une personne qui fait déjà partie de notre collectif, Margot Cauquil-Gleizes, et d'y découvrir un nouveau visage, celui de Bénédicte Martin. Et surtout de lire ces témoignages, de découvrir ce qu'elle a pu entendre quand elle a essayé de parler, ça m'a mis profondément en colère. Ça fait des années qu'on essaye toutes de parler, ça fait des années qu'on raconte, qu'on en parle autour de nous. Personnellement ça fait plus d'un an et demi que j'ai porté plainte. Et on est toujours au même résultat pour l'instant.

Cette accumulation ajoute-t-elle à votre incompréhension et votre colère ?

Oui, j'entends que la justice prend du temps, j'entends que la plupart des faits sont prescrits, mais on est tous face à une incapacité de voir ce qu'il va nous arriver. On attend le procès, peut-être, autour de la plainte de Florence Porcel, la première à avoir porté plainte. On y croit, on espère que quelque chose va se passer mais pour l'instant cet homme qui est accusé par de très nombreuses femmes - on en est à 90 noms sur notre liste de témoignages, des femmes qui racontent des agressions et des viols - et lui peut toujours circuler en liberté en France sans avoir aucun problème. Ce que montre toute notre histoire c'est que la sérialité existe, et que la prescription ne devrait pas empêcher de poursuivre.

La prescription et le classement sans suite de certaines plaintes semble aujourd'hui pousser certaines femmes à témoigner malgré tout plutôt qu'à renoncer, cela vous étonne ?

C'est presque plus simple de porter plainte quand c'est prescrit. On peut se retrouver avec une histoire qui est très dure, qu'on a cachée, qu'on n'a pas pu raconter pendant si longtemps. Et on peut plus facilement le dire aux policiers ou aux gendarmes parce qu'on sait que derrière on ne devra pas encore l'assumer, parce que c'est tellement impossible de pouvoir prouver un viol. Le plus difficile c'est pour toutes ces femmes qui sont non prescrites et qui ne portent pas plainte. Toutes ces femmes-là qui craignent, parce que l'on sait qu'il y en a, toutes ces femmes-là qui nous entendent, qui entendent cette histoire, qui voient la Une de Libération, chez qui ça réveille des milliards de choses, et qui se disent "je devrais porter plainte mais je n'y arrive pas". Parce qu'elles ont trop peur, parce qu'il y a trop de pression, médiatique, politique, il y a trop d'enjeux derrière cette plainte.

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