Source d'inégalité sociale, l'illectronisme touche 15% de la population française, selon le dernier rapport de l'Insee
Pour "faire reculer l’exclusion numérique et sociale", l'association Emamüs propose des cours pour les personnes en situation d'illectronisme. Né de la contraction d’illettrisme et d’électronique, ce terme renvoie à "la situation d'une personne ne possédant pas les compétences numériques de base (rechercher des informations en ligne, communiquer en ligne, utiliser des logiciels, protéger sa vie privée, résoudre des problèmes en ligne) ou ne se servant pas d'Internet (incapacité ou impossibilité matérielle de l'utiliser dans les trois derniers mois)", selon l'Insee.
Dans un rapport publié jeudi 22 juin, l'Institut national de la statistique et des études économiques dévoile qu'en 2021, "15,4 % des personnes de 15 ans ou plus résidant en France hors Mayotte sont en situation d'illectronisme", en recul de trois points entre 2019 et 2021, et 28% ont des "capacités numériques faibles".
"C'est quoi une fenêtre ?"
Godéline participe à un atelier "initiation et découverte de l'ordinateur", dans le centre de Paris. Cette femme de 59 ans, arrivée en France il y a peu, s'est inscrite pour ne plus être en difficulté lorsqu'elle doit faire ses démarches administratives sur internet. Elle apprend à utiliser un traitement de texte pour écrire une lettre et l'envoyer par mail. "On va taper un texte et ensuite, on va l'enregistrer. Je vais vous montrer où ça se passe", lui explique une bénévole d'Emmaüs.
Autour, six autres personnes apprennent à pianoter sur un ordinateur, avec des demandes bien précises : rédiger un CV, une lettre de motivation, résoudre un problème technique sur l'ordinateur, ou travailler sur le logiciel Excel pour les factures. "On se rend en compte que les questions ne sont pas si évidentes que ça. Quand j'ai employé le mot 'fenêtre' j'ai vu que ce n'était pas clair et effectivement, 'fenêtre' ce n'est pas clair du tout", souligne Solène, l'une des bénévoles de l'association.
Ne pas creuser les inégalités sociales
Chaque semaine, près de 40 personnes bénéficient de conseils personnalisés lors de cet atelier organisé par Emmaüs. "On a beaucoup de personnes en réinsertion professionnelle", note Mélisandre Hautier Lemoule, responsable des opérations Emmaüs Connect Paris-Centre. Les apprenants ont entre "30 et 40 ans, des hommes comme des femmes, qui vont cumuler la précarité sociale et numérique".
"Les 20% les plus modestes ont 6,6 fois plus de risques d'être en situation d'illectronisme que les 20 % les plus aisées."
InseeRapport du 22 juin 2023
Selon l'Insee, "l'illectronisme est fortement lié au diplôme, au niveau de vie et à la profession". L'Institut note que "9 % des ouvriers sont concernés, contre seulement 2 % des cadres" et que les personnes sans diplôme "ont un risque sept fois plus élevé d’être en situation d’illectronisme que les personnes ayant au moins un bac +3".
L'illectronisme touche particulièrement les personnes âgées
Selon l'enquête annuelle auprès des ménages sur les technologies de l'information et de la communication, "62% des 75 ans et plus et un tiers des plus de 60 ans" sont "illectroniques", contre 2% des 15-24 ans. "Les personnes vivant seules (30%) ou en couple sans enfant (20 %)" ont "un risque 3,2 fois plus élevé" d'être en situation d'illectronisme que les couples avec enfants puisque cela "favoriserait ainsi l’équipement et les compétences numériques", note l'Insee.
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