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Sivens en six questions : le sort du projet en jeu au ministère de l'Ecologie

La ministre de l'Ecologie Ségolène Royal réunit mardi les acteurs du barrage de Sivens, pour tenter de "trouver des solutions", alors que le projet est devenu explosif. Les travaux sont contestés depuis des années mais la mobilisation a pris une nouvelle ampleur avec la mort du jeune opposant Rémi Fraisse.
Article rédigé par Clara Beaudoux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
  (Sur le site occupé du barrage de Sivens, le lendemain de la mort de Rémi Fraisse © Maxppp)

Le sort du barrage contesté de Sivens se jouera-t-il mardi au ministère de l'Ecologie ? La ministre Ségolène Royal a convoqué une première réunion mardi à 18h avec les acteurs du projets, destinée à "trouver des solutions ". François Hollande a estimé lundi depuis Ottawa au Canada que cette réunion était "la bonne méthode ".

Il faut dire que le sujet devient politiquement brûlant depuis la mort du jeune Rémi Fraisse lors d'affrontements entre manifestants et forces de l'ordre dans la nuit du 25 au 26 octobre. "Aujourd'hui une décision de construction d'un tel ouvrage ne serait plus possible " a déclaré dimanche Ségolène Royal. Alors comment en est-on arrivé là ? Le point sur ce projet.

1 - En quoi consiste exactement le projet ?

A Lisle-sur-Tarn, près de Gaillac, il s'agit de construire un barrage afin de retenir 1,5 million de mètres cubes d'eau. Une digue doit être construite en travers du Tescou, un petit cours d'eau. La chambre d'agriculture du Tarn juge l'ouvrage indispensable pour sécuriser l'irrigation et développer des cultures à haute valeur ajoutée (maraîchage, production de semences, etc). 

Selon les deux ingénieurs qui ont réalisé un rapport sur le projet, remis à la ministre de l'Ecologie, ce barrage bénéficierait à seulement une quarantaine d'exploitants agricoles (à 19 selon les opposants, et 81 selon le département). Les travaux ont démarré en septembre, pour défricher 34 hectares. Les travaux doivent coûter 8,4 millions d'euros, dont la moitié à la charge de l'Agence de l'eau. Puis 300.000 euros de fonctionnement annuel. 

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2 - Qui porte le projet ?

C'est le conseil général du Tarn, présidé par le socialiste Thierry Carcenac, qui porte le projet. Sauf que vendredi dernier, le conseil général a entériné, sans vote, une supension des travaux du barrage. Les conseillers généraux se sont dits dépassés par "une affaire d'Etat" et ont demandé au gouvernement de prendre ses responsabilités. Le gouvernement renvoie la balle au département, mais "ce n'est pas le département qui a fait les études, qui a eu des autorisations, qui a signé avec les chambres d'agriculture, c'est l'Etat ", rétorque Thierry Carcenac.

3 - Qui fait les travaux ?

La réalisation a été confiée à une entreprise de Tarbes qui, selon les experts mandatés par le gouvernement, a "joué depuis 25 ans un rôle central dans le portage de cette opération". Les opposants au barrage dénoncent depuis des mois le rôle de cette société d'économie mixte - la Compagnie d'aménagement des coteaux de gascogne (CACG) - dans le caractère surdimensionné du projet. 

Les opposants dénoncent la double casquette de cette société : "Le conflit d'intérêts qu'il y a avec la CACG, c'est qu'ils interviennent  en tant que bureau d'études sur des analyses de besoins en eau et aussi en maître d'ouvrage sur les mêmes bassins où ils ont fait ces études ", explique Ben Lefetey, porte-parole du Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet, qui regroupe de nombreux opposants au projet. En tant que bureau d'études, pointent ses détracteurs, la CACG se prononce non seulement sur l'opportunité de construire un barrage mais en détermine également la taille, et donc son coût final.

4 - Quel coût pour l'environnement ?

Les opposants au projet dénoncent la destruction de 13 hectares de "zones humides" (bois et prairies), "réservoir de biodiversité" qui abritait 94 espèces protégées (libellules, grenouilles, chauve-souris, etc.). Les experts mandatés par le gouvernement en octobre ont cependant conclu que le niveau d'intérêt de cette zone humide était "départemental et nullement exceptionnel". 

5 - Quelle forme a pris l'opposition ?

Initialement créé en 2011 contre le projet de barrage autour d'associations locales de défense de l'environnement, le mouvement de contestation a rapidement été rejoint par des militants majoritairement issus du réseau de quelque 200 comités anti-aéroport de Notre-Dame-des-Landes (NDDL) installés dans toute la France depuis le début des années 2000. Contestations en justice, grèves de la faim, occupation des bois, cabanes dans les arbres : la contestation a pris toutes les formes. 

Depuis octobre 2013, soit une année, les opposants occupent le site, qu'ils appellent la "ZAD" (Zone à défendre). Ils dénoncent un projet "inutile" au coût financier et environnemental démesuré et reprochent au Conseil général du Tarn de ne pas en avoir étudié les alternatives. Ils se disent préparés à des mois de résistance, "jusqu'à l'abandon " du projet disent-ils. Ils ont installé un immense campement autogéré : avec "espace camping", "espace santé", "jardin collectif d'autosuffisance" ou encore "pépinière"... Car l'ambition est de faire revivre la "zone humide", détruite par deux mois de déboisement.

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6 - Que dit le rapport remis à Ségolène Royal ?

Un rapport a été commandité par le ministère de l'Ecologie en septembre. Les deux ingénieurs y recommandent de poursuivre le projet, car les travaux sont trop avancés, mais de réduire le volume d'eau destiné à l'irrigation afin d'en minimiser l'impact environnemental. Ils critiquent plusieurs points du projet : évaluation "contestable" des besoins "réels" d'irrigation, étude d'impact "de qualité très moyenne", financement fragile, absence de recherche d'alternatives.

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