Témoignages "Je me sentais comme une mère incapable" : à Lyon, le quotidien difficile des familles à la rue, alors que 2 000 enfants dorment dehors en France

Selon le baromètre "enfants dans la rue", publié par l'Unicef et la Fédération des acteurs de la solidarité, plus de 2 000 enfants dorment dehors, à quelques jours de la rentrée scolaire.
Article rédigé par franceinfo - Mathilde Ansquer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le collectif Solidarité entre femmes à la rue héberge des familles qui vivent dans la rue, à Lyon. (MATHILDE ANSQUER / RADIO FRANCE)

À l'heure de reprendre l'école, plus de 2 043 enfants dorment dehors. C'est ce que montre le baromètre "enfants dans la rue", publié jeudi 29 août par l'Unicef et la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS). Parmi les régions les plus touchées, on trouve l'Auvergne-Rhône-Alpes. Des familles lyonnaises ont raconté à franceinfo leur quotidien, quand elles vivaient à la rue.

Ils sont aujourd'hui hébergés par le collectif Solidarité entre femmes à la rue, mais avant cela, Miloud, Raouia et leurs deux enfants dormaient dehors. Miloud se souvient encore des nuits sans sommeil et de cet homme qui a essayé de rentrer dans leur tente. "Il a ouvert la tente, il a voulu dormir avec nous, à 1 heure ou 2 heures du matin. Heureusement, je l'ai poussé et j'ai refermé la tente. J'ai parlé un peu avec lui et il s'est calmé."

Dans le même immeuble, à l'étage du dessus, on rencontre Déborah. Avant d'être ici, elle a passé plusieurs mois sous une tente, seule avec ses deux enfants. Pour elle, le plus dur, c'était de répondre aux questions de sa fille de 5 ans. "Chaque fois, elle me disait 'mes amis ont une maison, nous, on n'a pas de maison, on est dehors'. C'était ça le plus difficile. Je me sentais très mal, je me sentais comme une mère incapable. Ça me faisait vraiment mal au cœur."

Alors, il fallait garder la tête haute pour ses filles, "garder l'espoir pour elles, montrer que je suis forte, même si je me sens faible". Aujourd'hui, elle a un toit, mais l'immeuble dans lequel vivent ces familles est occupé illégalement par le collectif. Elle risque donc de se retrouver une nouvelle fois à la rue, avec ses enfants.

Il faut "que tout le monde intervienne"

À Lyon, certaines mamans se sont retrouvées en difficulté cet été. La métropole lyonnaise met à l'abri les femmes enceintes et les mères seules avec des enfants de moins de trois ans. Mais elle assure accueillir aussi des familles qui ne relèvent pas de ses compétences. Mi-juillet, la Métropole a donc stoppé temporairement les nouvelles prises en charge. 

"On prend en charge de nouvelles personnes à peu près tous les mois sur la métropole de Lyon, y compris du public qui n'est pas départemental, sans aucune aide et sans qu'il ne se passe rien, explique le président de la Métropole, Bruno Bernard. Nous avons tout essayé : des discussions avec l'État, on a eu des engagements de ministre, il ne s'est rien passé. Donc, nous, nous disons qu'il faut que tout le monde intervienne."

"Il faut absolument avoir une politique nationale digne de ce nom et que chaque collectivité, et je pense aux départements voisins, prenne sa part."

Bruno Bernard, président de la métropole de Lyon

à franceinfo

En attendant, la préfecture assure que le nombre de familles qui demandent l'aide de l'État a augmenté. Et qu'elle a donc dû resserrer ses critères de prise en charge.

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