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Le père de Leonarda, un homme déterminé avec des zones d'ombre

Malgré les déclarations du ministre de l'Intérieur, Resat Dibrani affirme vouloir revenir en France. Son comportement est dénoncé dans un rapport et par le maire de la ville italienne où la famille a vécu.

Article rédigé par franceinfo
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Resat Dibrani (au centre), le père de Leonarda, le 19 octobre 2013 à Mitrovica (Kosovo). (ARMEND NIMANI / AFP)

"On reviendra en France." C'est la promesse que Resat Dibrani, le père de Leonarda, la collégienne rom expulsée au Kosovo avec sa famille, a formulée, samedi 19 octobre. Il réagissait ainsi aux déclarations de François Hollande, qui a proposé à Leonarda de rentrer en France, mais sans sa famille. 

"Si [le retour] n'est pas possible gentiment, alors il se fera de force", a poursuivi Resat Dibrani, 47 ans. "M. Hollande, vous avez merdé", a-t-il ajouté, selon Le Journal du dimanche. Seul membre de la famille à être né au Kosovo, il a reconnu, jeudi, avoir fourni de fausses déclarations aux autorités françaises, "pour avoir de meilleures chances d'obtenir l'asile". Depuis, son comportement interroge. D'autres informations sur cet homme de 47 ans laissent, une fois réunies, entrevoir des zones d'ombre dans sa personnalité.

Son "comportement général" pose problème, selon le rapport sur l'expulsion

Remis samedi à Manuel Valls, puis publié sur le site du ministère de l'Intérieur, le rapport d'enquête de l'Inspection générale de l'administration (IGA) n'épargne pas Resat Dibrani. Les auteurs du rapport soulignent que son "comportement général" "ne dénotait pas une réelle volonté de s'intégrer à la société française". Ils évoquent une "absence de recherche sérieuse d'emploi", les "absences répétées des enfants au sein des écoles et collèges".

"Les filles aînées de M. et Mme Dibrani ont été prises en charge par les services sociaux du conseil général après avoir fait état de violences exercées par leur père (placement en garde à vue pour violences sur mineur par ascendant, 15 janvier 2013) mais elles se sont ensuite rétractées", indique le rapport. Selon le document, Resat Dibrani a aussi été "placé en garde à vue pour un cambriolage, en octobre 2010". 

Par ailleurs, le père de Leonarda n'a "jamais donné suite aux propositions d'embauche qui lui étaient faites", et "ne cachait pas attendre le versement des prestations familiales", toujours selon ce rapport.

"Pas quelqu'un de facile", selon le maire de la ville italienne où la famille a vécu

Menacé de se voir retirer la garde de ses enfants, le père de Leonarda décidé de quitter l'Italie avec sa famille pour la France courant 2008, "sans papiers". "On a mis la pression sur eux", a expliqué à l'AFP Stefano Aguzzi, le maire de Fano, ville de la côte Adriatique où cette famille rom a vécu plusieurs années. "Les travailleurs sociaux lui ont dit qu'il y avait un risque que les enfants lui soient retirés s'il refusait de les envoyer à l'école", a-t-il ajouté. "C'était une menace voilée, un avertissement", a-t-il dit, précisant dans ce reportage qu'aucune procédure judiciaire n'avait été engagée en ce sens. 

Dans le village italien de Leonarda (SAMAH SOULA / EMILAN GUILLERME / FRANCE 2)

Le directeur d'une association caritative chrétienne a confié avoir "une relation amour-haine" avec Resat Dibrani depuis le début des années 1990. "Il était difficile, toujours en train de se disputer. Il tournait en minibus avec sa famille et ils allaient mendier, de porte à porte", raconte-t-il.

 A Fano, la ville était venue en aide à la famille Dibrani et à d'autres Roms durant l'hiver 1991 alors qu'ils vivaient dans un campement sous la neige. Les Dibrani avaient été hébergés dans une école abandonnée. Mais le père "n'était pas quelqu'un de facile", a témoigné le maire. "Il avait inscrit ses enfants à l'école mais ils n'y allaient pratiquement jamais. Il les envoyait mendier. Ils vivaient dans la rue", ajoute-t-il. Que ferait-il si la famille revenait dans sa ville ? "Disons que je ne les accueillerais pas à bras ouverts", répond-il.

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