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Alpes-Maritimes : ce que l'on sait sur les prières dans des écoles de Nice, dénoncées par Pap Ndiaye et Christian Estrosi

Des enfants ont été vus en train de faire des prières musulmanes et d'observer une minute de silence en hommage au prophète Mahomet dans des établissements niçois. Une enquête a été ouverte, les parents ont été convoqués.
Article rédigé par franceinfo
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Le couloir d'une école dans les Alpes-Maritimes, le 1er septembre 2022. (JEAN FRANCOIS OTTONELLO / MAXPPP)

Trois écoles primaires, un collège et un lycée. Au total, cinq établissements scolaires de l'académie de Nice font l'objet d'une enquête de l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche après que "des élèves ont organisé des temps religieux et de prières pendant la pause méridienne". Ouverte vendredi 17 juin, elle a pour but d'établir "précisément les faits et en tirer les conclusions utiles", a résumé le ministre de l'Education nationale, Pap Ndiaye. Franceinfo vous résume ce que l'on sait de cette affaire qui a pris une dimension nationale.

Le maire de Nice dénonce des "faits extrêmement graves"

Tout est parti d'une lettre que Christian Estrosi a adressée à Elisabeth Borne. Dans ce courrier daté du 15 juin, le maire de Nice dénonce des "faits extrêmement graves" :

"Des enfants scolarisés en CM1 et CM2 ont fait la prière musulmane dans la cour de leur établissement ou ont organisé une minute de silence à la mémoire du prophète Mahomet dans leur école."

Christian Estrosi, maire de Nice

dans un courrier à la Première ministre

Ces faits, survenus depuis près d'un mois pour certains, lui ont été rapportés par le rectorat le 14 juin. "Dans deux de ces écoles, il s'agit de prières à l'heure méridienne. Ces prières impliquaient dix enfants de CM1, le 16 mai, pour l'une de ces écoles, et trois enfants de CM1, le 5 juin, pour l'autre", a détaillé la rectrice de l'académie de Nice, Natacha Chicot, à l'AFP. Pour la troisième école, il s'agit d'un élève de CM2 qui a pris l'initiative le 8 juin d'organiser une minute de silence en mémoire du prophète et qui a appelé ses camarades à y participer."

Selon les informations de France 3, il s'agit des Saint-Sylvestre, Fuon Cauda et Bois de Boulogne, toutes situées à Nice. Un port d'abaya (une tenue traditionnelle musulmane) et une prière ont également été signalés dans le lycée niçois Honoré d'Estienne d'Orves et au collège Pablo Picasso à Vallauris (Alpes-Maritimes).

Interrogée par Nice-Matin, la rectrice de l'académie de Nice assure qu'"il n'y a pas de lien établi entre les affaires". D'après elle, l'ensemble des alertes ont été émises par le personnel de restauration. En effet, les pauses déjeuner dans les écoles relèvent en général de la responsabilité des communes car ce sont des employés municipaux qui sont chargés de ce temps périscolaire.

"J'en ai informé Christian Estrosi car les faits étaient suffisamment graves et les signalements avaient été effectués par du personnel municipal."

Natacha Chicot, rectrice de l'académie de Nice

dans "Nice-Matin"

Le ministre de l'Education ordonne l'ouverture d'une enquête 

D'après la rectrice de l'académie de Nice, l'élève de CM2 qui a pris l'initiative le 8 juin d'organiser une minute de silence en mémoire de Mahomet a été signalé en préfecture pour "suspicion de radicalisation". De son côté, le ministre de l'Education nationale a fait savoir sur Twitter que, "dès les faits survenus, les parents ont été convoqués", et que "des séquences spécifiques sur la laïcité ont été organisées".

Dans un communiqué commun avec Christian Estrosi, Pap Ndiaye a aussi annoncé qu'une enquête pour établir "précisément les faits et en tirer les conclusions utiles" avait été confiée à l'Inspection générale de l'éducation, des sports et de la recherche. "L'école de la République est un sanctuaire pour tous nos enfants, il est de notre devoir de la protéger de tout entrisme religieux", écrivent le ministre de l'Education nationale et le maire de Nice. Et Pap Ndiaye de conclure : "Le principe de laïcité n'est pas négociable dans notre République."

De plus en plus d'atteintes à la laïcité sont constatées

En 2016, le ministère de l'Education nationale a mis en place une plateforme dans le but de signaler des faits graves de violences et d'atteintes à la laïcité dans les établissements. Cette application, intitulée "Faits établissement", a pour but de "simplifier et harmoniser les remontées d'incidents à tous les échelons du système éducatif", peut-on lire dans un rapport du ministère de l'Education.

Lors de la rentrée de septembre dernier, 313 signalements pour des atteintes à la laïcité avaient été recensés. Dans le détail, 54% de ces incidents l'étaient pour "port de signes et tenues" religieux. Pap Ndiaye avait alors observé une "montée en puissance (...) depuis un an". Avant la rentrée, 627 incidents avaient été signalés entre décembre 2021 et mars 2022 et 904 entre avril à juillet 2022. A la demande du ministre, "la synthèse concernant les signalements des atteintes à la laïcité" était ainsi passée d'un rythme trimestriel à un rythme mensuel.

Dans son communiqué commun avec Christian Estrosi, le ministre de l'Education nationale a par ailleurs assuré vouloir agir avec "fermeté, discernement et pédagogie" afin de "faire reculer de façon significative (...) les faits d'atteinte à la laïcité". "Au niveau national, des mesures complémentaires seront concertées avec les associations d'élus locaux dès la prochaine instance de dialogue avec les collectivités territoriales qui se tiendra le 3 juillet", a également fait savoir Pap Ndiaye.

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