Un ancien ambassadeur du Vatican accuse le pape d'avoir couvert les abus sexuels d'un cardinal américain
Carlo Maria Vigano, qui représentait le Saint-Siège aux Etats-Unis, affirme que le pape a ignoré ses avertissements et même mis fin de fait à des sanctions prises par son prédécesseur Benoît XVI contre le cardinal McCarrick.
En visite en Irlande, le pape François a demandé "pardon" aux catholiques du pays pour les abus sexuels commis par des religieux dans le pays, dimanche 26 août. Mais la veille, il était la cible d'accusations de la part d'un ancien ambassadeur du Vatican aux Etats-Unis : l'archevêque Carlo Maria Vigano affirme, dans une lettre, que le souverain pontife a couvert le cardinal américain Theodore McCarrick et mis fin à des sanctions contre lui, malgré des accusations de "comportement gravement immoral" à son encontre.
Mgr Vigano a envoyé sa lettre de onze pages à plusieurs publications catholiques américaines, de tendance traditionaliste ou ultra-conservatrice, ainsi que dans un quotidien italien de droite, et ils l'ont publiée samedi.
Sanctionné par Benoît XVI, conseiller de François
L'ex-ambassadeur affirme que Benoît XVI avait imposé des sanctions canoniques contre le cardinal McCarrick vers la fin des années 2000. Le prélat devait quitter le séminaire où il vivait, éviter tout contact public et vivre une vie de pénitence. Une mise à l'écart décidée plusieurs années après des rapports de deux anciens ambassadeurs du Vatican à Washington évoquant son "comportement gravement immoral avec des séminaristes et des prêtres". Lui-même avait écrit un mémo au sujet du cardinal.
L'archevêque Vigano raconte avoir été interrogé par le nouveau pape François peu après sa prise de fonction, en juin 2013, sur la personnalité de McCarrick. Selon lui, le pape argentin aurait préféré ignorer ses avertissements et avait annulé de fait les sanctions de son prédécesseur, prenant le prélat américain comme conseiller sur des nominations de cardinaux.
"Aucun commentaire" du Vatican
Dans sa lettre au vitriol, Carlo Maria Vigano demande la démission du pape François. Il met également en cause nommément un grand nombre de hauts prélats de la Curie romaine, dont le numéro deux Pietro Parolin, qu'il accuse tous d'un silence complice sur les agissements de Theodore McCarrick. Vigano est à la retraite depuis la fin de ses fonctions d'ambassadeur en 2016.
"Le Vatican n'a aucun commentaire immédiat", a réagi dimanche matin une porte-parole du Vatican depuis Rome. François est en visite en Irlande depuis samedi, la première d'un pape depuis l'éclatement d'un scandale de pédophilie impliquant l'Eglise irlandaise et des centaines de prêtres.
Après de nouvelles révélations sur des accusations d'agressions sexuelles contre des mineurs, Theodore McCarrick avait remis sa démission, acceptée par l e pape François en juillet. Le vieil homme devra rester reclus dans une maison pour mener une vie de prière et de repentance.
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