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Témoignages Pédocriminalité dans l’Église : les indemnisations des victimes traînent, "comme si on arrachait l’argent !", dénoncent-elles

La discussion s’annonce houleuse en fin d’après-midi. La présidente de l’Inirr, la principale instance chargée des réparations pour les faits de pédocriminalité dans l’Église, reçoit les associations de victimes à 17h30 à Paris. Huit mois après la création de cette structure, plusieurs collectifs dénoncent sa lenteur et même son "amateurisme".

Article rédigé par Jérôme Jadot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Illustration de mains de curé sur une bible. (VANESSA MEYER / MAXPPP)

Violé par un prêtre à 10 ans Thierry* a saisi l'Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (Inirr) fin janvier. Au bout de quatre mois de silence, une référente bénévole lui envoie un mail. Elle l’attend pour un rendez-vous téléphonique le jour-même. "C’est une ancienne psy qui a 80 ans. Même si la personne est bienveillante, on sent que c’est assez déstructuré, que le sujet part un peu dans tous les sens."

"On m’indique tout de suite qu’il ne faut pas s’attendre à être millionnaire. C’est de l’amateurisme."

Thierry, victime d'une prêtre pédophile

à franceinfo

Une autre victime évoque des échanges limités à deux coups de fil de 10 et 5 minutes et un examen de son dossier sans cesse repoussé.

En Vendée, un homme de 84 ans est mort début juin, sans réponse à sa demande de réparation pourtant traitée en urgence. "C’est énervant parce que ça traîne, ça traîne, ça traîne…, s’agace Jean-Pierre Sautereau qui anime le collectif de victimes 85. Sur le terrain de l’indemnisation financière, c’est comme si elle n’avait pas envie, comme si on arrachait l’argent !" 

Neuf référents pour près de 800 dossiers

En cause notamment le classement du viol en 5 sur une échelle de 10 de gravité des faits. Plusieurs associations demandent à l’Inirr de revoir sa grille d’indemnisation et de professionnaliser le suivi. Neuf référents dont sept bénévoles traitent aujourd'hui plus de 700 dossiers. L’Inirr promet de nouveaux recrutements. 

Créée par l'épiscopat après la publication à l'automne du rapport de Jean-Marc Sauvé qui a documenté l'ampleur de la pédocriminalité dans l'Église depuis 1950, l'Inirr a commencé à recevoir des demandes dès janvier. Au 31 mai, 736 personnes victimes l’avaient saisie. Au 10 juin, l'instance aura statué sur dix dossiers. Les victimes se verront verser un virement par un fonds ad hoc. Cette réparation pourra aller jusqu'au "montant maximal" de "60 000 euros", un montant qui se "situe dans la fourchette très supérieure des indemnisations de justice civile", fait valoir l'instance.

*prénom modifié

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