Mouvement anti-hijab en Iran : "Elles veulent être libres de choisir leur façon de vivre"
Ces dernières semaines en Iran, des dizaines de femmes ont été arrêtées pour avoir retiré leur voile en public dans le but de protester contre le hijab obligatoire. Masih Alinejad, à l’origine de ce mouvement de contestation est aujourd’hui exilée aux États-Unis. Elle réagit.
"Ma campagne incitait des femmes à se filmer en marchant dans la rue sans voile. Mais ces femmes de la rue de la révolution sont allées au-delà." Masih Alinejad est la militante iranienne qui a lancé en mai 2017 la campagne White Wednesdays, destinée à protester contre le port du voile obligatoire dans l’espace public en Iran. Depuis la Révolution islamique de 1979, la loi impose en effet aux Iraniennes de sortir tête voilée et le corps couvert d’un vêtement ample. Aujourd’hui exilée aux États-Unis, Masih Alinejad observe l’ampleur que prend ce mouvement de protestation dans son pays d’origine.
29 femmes ont été arrêtés pour avoir retiré leur voile en public
Depuis plusieurs semaines, de nombreuses Iraniennes ont suivi son mouvement de contestation et se rebellent "en mettant leur foulard sur un bâton et en l’agitant comme un drapeau." explique la jeune femme. Mais pour ce geste, 29 Iraniennes ont été arrêtées, à l’image de Vida Movahed ou encore Narges Hosseini. Si la première est récemment sortie de prison après un mois de détention, la deuxième est toujours emprisonnée.
Ce ne sont pas les premières à être arrêtées pour cette entrave à la loi, comme le rappelle l’activiste : "En 2014, 3,6 millions de femmes ont été interceptées, mises en garde, envoyées devant les tribunaux, arrêtées. Parce qu’elles ne portaient pas un foulard islamique convenable. En huit mois, 40 000 voitures ont été saisies parce que leurs conductrices ne portaient pas de voile."
Ce n’est pas en arrêtant ces femmes qu’on peut les réduire au silence.
Masih Alinejad
Malgré les arrestations, Masih Alinejad estime que "les femmes ne vont pas s’arrêter. Même des hommes les rejoignent, ainsi que des femmes qui sont pour le port du voile." Pour l’activiste, c’est bien la preuve que "ce n’est pas en arrêtant ces femmes qu’on peut les réduire au silence."
Au cœur de leur protestation, la revendication de plus de liberté : "Elles veulent être libres de vivre leur propre vie, de choisir leur façon de vivre. Elles ne veulent aucune interférence religieuse dans leur vie privée." explique la jeune femme. Et de poursuivre : "Elles ne se battent pas seulement contre un morceau de tissu. Elles se battent pour leur dignité, pour la liberté d’expression. Le hijab obligatoire est le symbole le plus visible de l’oppression."
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