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Les trois objectifs de la conférence sur les chrétiens d'Orient organisée à Paris

Le Quai d'Orsay veut relancer la mobilisation en faveur des minorités fuyant l'organisation Etat islamique.

Article rédigé par franceinfo
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Des réfugiés yézidis derrière les grillages, le 20 juin 2015, en attendant l'arrivée de l'envoyée spéciale des Nations unies pour les réfugiés Angelina Jolie, dans le camp de Mardin (sud de la Turquie) accueillant des Syriens et des Irakiens.  (UMIT BEKTAS / REUTERS )

Quelle mobilisation pour les chrétiens d'Orient ? Le Figaro dévoile vendredi 14 août les objectifs de la conférence organisée le 8 septembre à Paris par le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. 

Près de 60 Etats seront représentés, dont les Etats-Unis, la Russie, l'Irak, l'Arabie saoudite et la Turquie, ainsi que des organisations internationales, dont l'ONU. Cette conférence examinera les moyens de sauver les victimes des violences ethniques et religieuses, notamment chrétiennes, menacées par l'avancée de l'organisation Etat islamique en Syrie et en Irak. Elle comportera trois volets, qui sont autant d'objectifs :

Développer l'aide humanitaire

Il s'agit d'abord d'accroître l'aide d'urgence pour des milliers de réfugiés. Selon Le Figaro, l'idée est, à terme, "de leur permettre de retourner chez eux dans des conditions matérielles et sécuritaires satisfaisantes".

Le quotidien met ainsi en avant la réhabilitation par les Français du camp de réfugiés de Bardarash, une ville kurde du nord de l'Irak. Quelque 7 000 personnes y ont fui l'avancée du groupe Etat islamique et "la moitié des déplacés ont moins de 16 ans", détaille le journal. Le Quai d'Orsay veut construire une école et un collège-lycée pour les accueillir, ainsi qu'un centre de santé. Le ministère français des Affaires étrangères veut ainsi montrer que l'aide ne se limite pas aux chrétiens, puisque le camp compte "une grande communauté shabake" (une minorité chiite kurde).  

Il n'est en revanche pas question, dans l'article, d'un accueil supplémentaire de réfugiés en France. Paris est régulièrement pointé du doigt par les associations humanitaires pour son accueil insuffisant de demandeurs d'asile. Rapporté à la population de chaque pays, l'Hexagone ne figure ainsi qu'à la 13e place du classement européen. Toutefoisrelevait France 2, "la France a attribué 1 500 visas" en 2014 aux chrétiens d'Orient.

Engager des poursuites pénales

Ce volet vise à engager des poursuites contre les auteurs de persécutions devant la Cour pénale internationaleLe Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme,  Zeid Ra’ad Al-Hussein, avait déjà exhorté en mars dernier le Conseil de sécurité à mettre fin aux conflits en Irak et en Syrie et à "saisir la Cour pénale internationale (CPI)". Encore faut-il capturer les auteurs de persécution en question, ce qui n'est possible qu'avec une intervention sur le terrain.

Trouver une solution politique 

Comment mieux faire respecter le "pluralisme ethnique et religieux" dans des pays du Moyen-Orient dévastés par la guerre civile ? En Irak, note Le Figaro, "de plus en plus de voix s'élèvent pour réformer la constitution, jugée trop sectaire". Majoritaires dans le pays, les chiites détiennent aujourd'hui le pouvoir, sans partage. Ce qui explique, selon le chercheur Pierre-Jean Luizard, qu'une partie des élites sunnites, exclues du pouvoir depuis l'intervention des Etats-Unis en 2003, aient rejoint l'organisation Etat islamique.

Le site Orient XXI rappelle d'ailleurs que l'exode des chrétiens d'Irak, amplifié par le groupe Etat islamique, avait commencé il y a plus de dix ans, après le renversement de Saddam Hussein par l'armée américaine et ses alliés. En une décennie, 70% des chrétiens ont fui. 

Et en Syrie ? En France, les politiques n'ont guère de solution à proposer, selon Le Figaro. "Faut-il aller jusqu'à un rapprochement avec Bachar Al-Assad pour sauver les chrétiens d'Orient ?" demande le journal. Il relève que seul François Fillon y serait favorable. Nicolas Sarkozy, lui, déplore 'l'absence d'une intervention militaire en Syrie, qui aurait sans doute permis de juguler Daech", et à laquelle était également favorable François Hollande. "Mais rien ne permet, conclut Le Figaro"d'affirmer qu'une telle intervention aurait permis d'en finir avec Daech". Ni d'améliorer le sort des minorités persécutées.

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