L'antisémitisme se doit d'être dénoncé "dans sa globalité", souligne une nouvelle tribune
Ce texte reproche au "manifeste contre le nouvel antisémitisme" une focalisation "sur le seul antisémitisme des islamistes".
C'est une réponse au retentissant "manifeste contre le nouvel antisémitisme". L'antisémitisme "se doit d'être dénoncé dans sa globalité" pour être combattu "pleinement", souligne une nouvelle tribune, publiée jeudi 3 mai dans Le Monde.
Signe que le texte publié par Le Parisien le 22 avril n'a pas fait l'unanimité, la tribune du Monde est paraphée par plusieurs personnalités réputées proches de signataires du "manifeste contre le nouvel antisémitisme", comme l'ancienne ministre PS Laurence Rossignol et le président de la Licra, Mario Stasi. Parmi ses 120 premiers signataires figurent également le sénateur socialiste David Assouline, le président de SOS Racisme, Dominique Sopo, et l'historien Benjamin Stora.
"Montée des populismes nationalistes"
L'appel publié par Le Parisien "souligne à raison le rôle délétère des islamistes et de leurs réseaux idéologiques, lesquels partagent les obsessions antisémites de l'extrême droite et d'une partie de la gauche radicale. Il est hors de question de minorer cette réalité", écrivent les pétitionnaires du Monde.
"Pourtant, il fait l'impasse sur l'autre carburant de cette résurgence de l'antisémitisme qu'est la montée des populismes nationalistes. Plus grave encore, en enfermant cette dénonciation dans une opposition identitaire à une communauté musulmane voulue uniforme, en l'essentialisant dans l'injonction à modifier le Coran, il alimente le fantasme d'une 'oumma' [communauté des croyants] que tente de faire advenir l'idéologie des islamistes. Enfin, en mêlant des signataires honorables à des figures proches de la droite identitaire, il décuple le risque de confusion", estime cette nouvelle tribune.
L'antisémitisme se doit (...) d'être dénoncé dans sa globalité. Si nous focalisons notre attention sur le seul antisémitisme des islamistes, nous déculpabilisons tous les autres et ne pouvons le combattre pleinement.
Les 120 signataires de la tribune du "Monde"
Dans le manifeste du Parisien, 300 personnalités, dont un ancien président de la République (Nicolas Sarkozy) et trois ex-Premiers ministres (Bernard Cazeneuve, Jean-Pierre Raffarin et Manuel Valls) avaient dénoncé une "épuration ethnique à bas bruit" des juifs dans certains quartiers.
De nombreux représentants de l'islam en France s'étaient élevés contre ce texte évoquant un "antisémitisme musulman", en particulier contre sa prétention à demander que certains versets du Coran "soient frappés d'obsolescence par les autorités théologiques".
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