Accusé d'avoir refusé les obsèques d'une femme homosexuelle, un prêtre invoque des raisons de calendrier
Le prêtre avait d'abord accepté de prendre en charge la cérémonie mais est revenu sur son choix expliquant qu'il n'était en réalité pas disponible et que l'homosexualité de la défunte était "une raison supplémentaire" pour ne pas confier "cette situation à un prêtre remplaçant au débotté".
Annick et Claude ont vécu 48 ans ensemble, dont quatre sous le régime du mariage. Quand Claude est morte à l'âge de 81 ans mi-avril, son épouse a sollicité une église du 19e arrondissement à Paris pour célébrer les obsèques de cette femme croyante, mais a essuyé un refus. L'affaire a été révélée par le site LGBT Komitid, vendredi 15 juin, qui a dans un premier temps expliqué que le prêtre de Notre-Dame de l’Assomption des Buttes-Chaumont avait annulé la cérémonie, "après avoir compris que Claude était une femme".
Après la parution de l'article, le prêtre en question s'est expliqué sur cette décision.
Dans son entretien, le prêtre récuse les accusations d'homophobie et s'explique par le fait que non seulement la défunte "n’habitait pas dans le secteur de cette paroisse" mais qu'il ne pouvait pas assurer lui-même les obsèques pour des raisons de calendrier.
"Le prêtre a accepté, puis réalisé qu’il avait un rendez-vous de notaire ce jour-là. Il a essayé de trouver un autre prêtre mais n’a pas pu", indique Karine Dalle, responsable de la communication du diocèse de Paris, à franceinfo. Selon elle, l'homme d'église a préféré décliner jugeant que le délai était trop court pour transmettre ce type de cas à un remplaçant. "Lorsque le responsable des pompes funèbres lui a dit 'je soupçonne que ce n’est pas la raison pour laquelle vous ne pouvez le faire', il a répondu 'si vous parlez de l’homosexualité, c’est une raison supplémentaire pour ne pas confier un enterrement à la va-vite'", précise la responsable de communication.
"Toute situation délicate demande de la délicatesse"
Le père Leverrier a explicité cette position à Komitid : "L’idée qu’une personne homosexuelle aurait besoin de délicatesse supplémentaire, cela même peut paraître comme de l’homophobie, mais toute situation délicate demande de la délicatesse, et nous n’étions pas du tout dans ces dispositions un lundi après-midi, pour un mercredi après-midi, pour un prêtre de remplacement qui arriverait comme ça", explique le père Leverrier.
L'homme d'Eglise, qui assure enterrer "des personnes homosexuelles tous les ans", ajoute : "Dire qu’enterrer une personne homosexuelle serait un jour banal, je ne crois pas que ça arrivera. Et c’est valable pour toutes les personnes en situation un peu délicate avec la question de la foi."
"Le discours de l'Eglise en France est ambigu"
Des proches du couple d'Annick et Claude avaient alerté l’association David & Jonathan (un mouvement homosexuel chrétien). "Heureusement, ce genre de cas n’arrive pas très souvent, mais arrive tout de même", réagit auprès de Komitid Marianne B.-G., membre du Bureau National de David&Jonathan. "Cela nous peine mais ne nous surprend pas car le discours de l’Église en France est ambigu : la doctrine dit que l’homosexualité est un problème mais qu’il faut accepter et respecter toutes les personnes."
Les obsèques de Claude ont finalement été célébrées par le prêtre de l’hôpital parisien dans lequel la sage-femme retraitée est décédée. Une "petite pièce froide et anonyme", regrettent ses proches.
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