Mohamed Loueslati : "L’islam est devenu un peu plus dur dans les prisons ces dernières années"
Les aumôniers musulmans sont payés pour des vacations de deux heures par semaine. "Ce qui est très insuffisant ", estime Mohamed Loueslati, aumônier musulman des prisons du Grand Ouest. "Beaucoup sont des bénévoles et paient de leurs poches les livres qu’ils offrent aux détenus, les colis… Nous sommes à peu près 150 aumôniers musulmans pour 200 établissements en France et 60.000 détenus à majorité musulmane," constate-t-il.
Depuis quelques temps, on assiste à une forte radicalisation des détenus en prison. "L’Islam est devenu un peu plus dur dans les prisons ces dernières années. Les détenus se radicalisent un peu plus parce que quand ils arrivent en prison, ils viennent en général des banlieues touchées par Internet, par les médias, et par ce qui se passe au Moyen-Orient. Ce qui a aggravé la situation c’est le Moyen-Orient et le retour de Syrie, d’Afghanistan, ou d’Irak. C’est surtout là où les choses se passent. "
Mohamed Loueslati rappelle aux détenus qu’il sent se radicaliser que l’islam "c’est la paix, c’est le vivre ensemble, le respect de la vie humaine. C’est dieu qui donne la vie et la retire. C’est tout ce qu’il y a plus de sacré sur terre. La vie humaine n’est pas une chose banale."
Le regroupement des détenus islamistes
Depuis peu, la prison de Fresnes dans le Val-de-Marne regroupent les détenus islamistes entre eux. Cette initiative, que Manuel a annoncé mardi vouloir généraliser, Mohamed Loueslati ne la voit pas d'un bon oeil. "Cela ferait des centaines de détenus qui se radicaliseraient encore plus, et, à la sortie ce seraient des bombes à retardement. C’est une mauvaise idée. "
Par contre, il pense qu'une régionalisation est une bonne chose. "Chaque région garde sa population pénale dans les prisons avec un régime d’isolement. Cela paraît mieux que ce que Manuel Valls avait prévu au préalable. Mais Valls oublie une chose, il dit qu’il va réformer l’islam de France, mettre les structures, professionnaliser les aumôniers de prison, mais ce n’est que de l’affichage politique. Dans les faits il n’y a rien eu de tout cela. On a saisi plein de fois les autorités, la ministre. C’est une surdité énorme. "
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