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Vidéo "Je conteste l'idée d'un apport spécifique du père que ne pourrait pas apporter une mère" : le témoignage d'Anne-Lise, née d'une PMA en Belgique

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Durée de la vidéo : 6 min
Article rédigé par franceinfo
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La jeune femme de 24 ans, dont les mères ont fait une PMA en Belgique avec donneur anonyme, livre son témoignage mardi sur franceinfo alors que le projet de loi bioéthique arrive à l'Assemblée nationale.

Le projet de loi bioéthique qui comporte l'extension de la PMA à toutes les femmes, vivement combattue à droite, est examiné à l'Assemblée nationale à partir de mardi 24 septembre. Anne-Lise, 24 ans, a été conçue par PMA. Ses mères sont parties en Belgique pour avoir recours à un donneur anonyme. "Mes parents m'ont apporté tout ce qu'un père aurait pu m'apporter", raconte-t-elle mardi sur franceinfo, contestant la "conception très stéréotypée des rôles de genre" dans la famille.

A quel âge vos deux mamans vous ont-elles dit qu'elles avaient eu recours à un donneur anonyme ?

Elles me l'ont toujours expliqué. Il n'y a pas eu de grandes révélations à un âge précis. Elles ont complexifié au fur à mesure de mes questions quand j'ai grandi, mais il n'y a jamais eu de secret autour de ma conception.

Est-ce que vous l'avez raconté autour de vous ?

J'avais du mal à en parler. Je ne le disais qu'à des amis en qui j'avais confiance et que je connaissais bien. C'est quelque chose que je gardais pour moi parce que rapidement j'ai compris que c'était un sujet qui pouvait être tabou, qui pouvait gêner.

Est-ce que vous avez eu le sentiment d'être différente dans votre enfance ?

J'avais le sentiment d'être différente parce que mon modèle familial était complètement invisible. Je remplissais des formulaires où il y avait "profession du père, profession de la mère", je barrais "père" et je mettais "deuxième parent". Je cachais ma feuille pour ne pas que mes camarades le voient. C'étaient vraiment des moments difficiles. Ce qui a été compliqué, ce n'était pas une homophobie frontale mais l'invisibilité de mon modèle familial.

Vous avez parfois souffert d'avoir deux mamans ?

Non, plutôt du fait que la société ne reconnaisse pas ma famille. Par exemple qu'il n'y ait pas de lien possible de reconnaissance entre ma "mère sociale" et moi puisque, à l'époque, le mariage pour tous et l'adoption n'avaient pas encore été votés.

Est que le fait de ne pas avoir de père vous a manqué ?

Pas du tout parce que j'ai eu des figures masculines autour de moi, j'ai des oncles, des grands-parents, les pères de mes amis. Ce que je conteste c'est l'idée qu'il y aurait un apport spécifique du père que ne pourrait pas apporter une mère. C'est une conception très stéréotypée des rôles de genre qui n'est pas la mienne. Mes parents m'ont apporté tout ce qu'un père aurait pu m'apporter.

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