Plan contre la haine LGBT : "On a encore des marges de progrès" pour "accueillir" les victimes dans les commissariats et les gendarmeries, reconnaît le délégué interministériel
Les plaintes pour dénoncer des agressions contre les personnes LGBT sont en constante augmentation. Frédéric Potier fait toutefois une double constat : il affirme que la société devient "plus tolérante" et il se félicite surtout que la parole se libère.
Mercredi 14 octobre, 150 mesures vont être présentées pour renforcer les droits des personnes LGBT. Parmi ces mesures, le développement d'un réseau de référents dans les commissariats et gendarmeries. "Il faut que les victimes puissent trouver dans les commissariats, dans les brigades de gendarmerie, des référents capables de bien prendre leurs plaintes, c'est extrêmement important", a souligné sur franceinfo Frédéric Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT, qui reconnaît qu'"on a encore des marges de progrès" pour "accueillir" les victimes d'actes homophobes, lesbophobes ou transphobes dans les commissariats et les gendarmeries.
L'an dernier, les plaintes pour homophobie ont bondi de plus d'un tiers dans les commissariats et les gendarmeries. Est-ce que cela signifie qu'il est plus difficile d'être gay aujourd'hui en France ou qu'au contraire la parole se libère ?
Je crois que dans notre société il y a davantage de facilités à vivre son orientation sexuelle, son identité de genre. Mais il y a aussi des phénomènes de repli, de tension, de rejet. Et ces phénomènes se traduisent aussi par une augmentation des actes et une augmentation des plaintes. Donc, je crois que le constat est double : une société globalement plus tolérante, mais aussi des victimes qui vont davantage porter plainte. Et cela, il faut s'en féliciter.
C'est pour cela d'ailleurs que figure dans ce plan l'idée d'un référent qui serait installé dans chaque commissariat. Cette mesure est déjà testée à Bordeaux, Marseille ou encore Paris. Est-ce que ça marche ?
Oui, ça marche, parce que lorsqu'une victime vient déposer plainte, il faut qu'elle puisse être entendue, écoutée, accompagnée. Lorsque vous êtes victime d'un acte homophobe, lesbophobe, transphobe, vous êtes attaqué pour ce que vous êtes. Et donc, le traumatisme, il est grand. La spécificité, elle est importante. Et donc, il faut que ces victimes-là puissent trouver dans les commissariats, dans les brigades de gendarmerie, des référents capables de bien prendre leurs plaintes.
C'est extrêmement important qu'on puisse aussi relever ce qu'on appelle en droit 'les circonstances aggravantes', c'est-à-dire les motivations de l'auteur, les motivations de l'acte qui permettent d'avoir des sanctions renforcées lorsqu'il s'agit d'un acte homophobe.
Frédéric Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBTà franceinfo
Est-on toujours bien accueilli aujourd'hui en France, dans un commissariat, quand on vient porter plainte pour ça ?
Je crois qu'on a beaucoup progressé. Nous intervenons dans toutes les écoles de police et de gendarmerie. Mais à l'évidence, on a encore des marges de progrès. Je ne peux pas vous dire aujourd'hui qu'une victime va systématiquement être partout très bien accueillie. Lorsqu'il y a des difficultés, nous en tenons compte et nous essayons de progresser partout. Donc, on a une marge de progrès, on l'admet, mais là encore, on veut vraiment aller beaucoup plus loin.
Il y a aussi la question de l'école. Dans les cours de récré, quand une insulte est proférée, que fait-on ? Que doivent faire les enseignants ? Vous allez publier un guide pour les aider…
Ce n'est pas simplement un guide, on va créer un site internet sur le site de Canopé, qui est la grande plateforme de formation des enseignants.
On va aussi créer dans chaque rectorat un observatoire de l'homophobie.
Frédéric Potier
Je pense que dans la majorité des cas, ils interviennent, évidemment, mais il faut aussi qu'on puisse leur donner les outils. Ce n'est pas forcément facile de gérer un cas d'homophobie dans une classe ou dans un établissement. Donc il faut qu'ils puissent connaître le vocabulaire, il faut qu'ils puissent avoir des fiches réflexes.
Faut-il convoquer immédiatement les parents ?
Lorsqu'il s'agit de cas graves, oui, évidemment, je pense que c'est toute l'équipe éducative qui doit être mobilisée pour mettre fin à des cas de harcèlement homophobe.
[RAPPEL] Sur les réseaux sociaux aussi, les propos homophobes, sexistes, racistes ou antisémites sont punis par la loi. Face à ces contenus, ayez le #ReflexePharos pour les signaler. https://t.co/1VwKSCVFwQ pic.twitter.com/Kfn1w6bIfs
— Police nationale (@PoliceNationale) October 6, 2020
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