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"J'ai des clients qui se marient un lundi" : jusqu'à 300 000 mariages de prévus en 2023, les professionnels du secteur saturés de demandes

Après deux ans de pandémie et de restrictions, les mariages reportés et ceux programmés ont bien lieu cet été, quitte à causer quelques sueurs froides aux professionnels du secteur, saturés par les demandes.

Article rédigé par Benjamin Illy - Édité par Pauline Pennanec'h
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Une future mariée essaie une robe dans une boutique de robes de mariées, à Boulogne-Billancourt, près de Paris, le 29 juin 2022. (BENJAMIN ILLY / RADIO FRANCE)

"Ah je suis magnifique !" Sonia, 31 ans, se regarde en souriant dans le miroir d'une boutiques de robes de mariées à Boulogne-Billancourt. C'est le moment des dernières retouches : le grand jour aura lieu début août au Portugal. "Je l'ai reporté d'un an à cause du Covid, déplore la future mariée. Mais bon, après, on se dit que c'est quand même mieux de se marier sans masque."

Sonia concède que la situation était difficile en 2021 au Portugal. "Il fallait des tests, des masques... Je n'avais pas envie de soumettre ça à mes invités, explique-t-elle. Et puis j'avais beaucoup d'invités qui avaient vraiment peur." Au départ, 200 invités étaient prévus pour assister à son mariage. Dans un mois, ils seront 157 autour des jeunes mariés. "Il y a quand même une petite diminution, mais parce qu'aussi, il y a des gens qui n'ont pas de vacances cette année", concède-t-elle.

"Embouteillage dans les boutiques

Paul Cherqui, le patron de la boutique, reconnaît qu'il y a "un vrai embouteillage" cette année. "Il y a les filles de 2019, 2020 et 2021 qui n'ont pas pu se marier, qui sentent qu'il y a une brèche et qui y vont. Et puis, il y a toutes celles qui se marient en 2023 et qui n'ont pas repoussé, commente le commerçant. Mais bon, il faut bien qu'elles commencent à venir essayer des robes maintenant... Donc ça fait beaucoup de gens, beaucoup de retouches, beaucoup de conseils."

"Honnêtement, ça ne me fait pas plaisir de le dire, mais je refuse deux à trois mariées par jour. Je ne peux pas m'amuser à faire des promesses que je ne peux pas tenir."

Paul Cherqui, gérant d'une boutique de robes de mariées à Boulogne-Billancourt

à franceinfo

Paul Cherqui s'inquiète aussi d'une pénurie de livraisons, liée à la guerre en Ukraine, le pays étant l'un des plus gros fabricants de robes de mariée.

Paul Cherqui, propriétaire de plusieurs boutiques de robes de mariée en région parisienne. (BENJAMIN ILLY / RADIO FRANCE)

Des noces parfois célébrées... le lundi

Concernant les lieux de réception, il y a beaucoup de demandes et peu de places. Une difficulté supplémentaire pour Mailys Hartmann, organisatrice de mariages. "Cette année, j'ai 18 mariages, alors que normalement, ma capacité, c'est une douzaine", explique celle qui dirige l'agence "Paris en noces". Les traiteurs, mais aussi les photographes, sont saturés de demandes. "J'ai des clients qui ont reporté jusqu'en octobre, et j'en ai d'autres aussi qui se marient un lundi, alors qu'à la base, ils étaient censés se marier un samedi", raconte Mailys Hartmann.

"Il y a une saturation au niveau des samedis qui est la date la plus demandée."

Mailys Hartmann, organisatrice de mariages

à franceinfo

Celle qui se mariera un lundi, c'est Marie : "Mon conjoint m'a fait sa demande en 2019, se souvient la jeune femme. Par rapport au Covid, on a souhaité décaler le mariage pour cette année." Et alors que les voyants de l'épidémie de Covid-19 repassent au rouge en France, Marie a commencé à faire ses recommandations auprès de ses invités, comme de "commencer à porter le masque, à faire très attention, avoir leur gel hydroalcoolique pour, au moins, avoir un jour J qui se passe au mieux."

Maelis Hartmann organisatrice de mariage en Île-de-France, dans son bureau le 29 juin 2022. (BENJAMIN ILLY / RADIO FRANCE)

Jusqu'à 300 000 mariages en 2023

De son côté, Stéphane Seban, organisateur du Salon du mariage, qui se tiendra les 17 et 18 septembre prochains Porte de Versailles à Paris, se réjouit de la progression du nombre de célébrations. "En 2022, on devrait remonter largement sur des chiffres d'il y a à peu près dix ans, aux alentours de 250 000 mariages pour aller friser les 300 000 sur la saison 2023, souligne-t-il. Les reports sont dûs au Covid, donc bien sûr, il ne faut pas s'attendre ensuite à avoir 250 ou 300 000 mariages tous les ans à partir de 2024. Ce ne sera sûrement pas le cas, on reviendra à des niveaux classiques aux alentours de 220 à 230 000 mariages."

Cette année, c'est donc le grand rattrapage pour faire oublier la saison 2020 avec ce nombre historiquement bas : seulement 154 600 mariages, selon l'Insee.

Mariages : les professionnels du secteur saturés de demandes - Reportage Benjamin Illy

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