"L’injustice" faite aux mineurs grévistes de 1948 va être "réparée"
Ils avaient payé cher leur grève de 1948. Des milliers de mineurs du Nord-pas-de-Calais avaient cessé le travail cette année-là, pour protester contre la baisse de leur salaire. Cela leur avait coûté leur travail. Près de 3.000 d’entre eux ont été licenciés, et certains ont même été condamnés à l’époque à de la prison ferme.
66 ans plus tard, Christiane Taubira annonce qu'elle va "réparer l'injustice" qui leur a été faite. La garde des Sceaux s'est exprimée jeudi soir à l'Hôtel de ville de Paris après la projection d'un documentaire consacré aux derniers survivants de cette histoire, L’honneur des gueules noires .
Amendement dès l’année prochaine
Jean-Luc Raynaud, le réalisateur du documentaire s’est intéressé à cette histoire en 2011, lorsque la Cour d’appel de Versailles "a donné raison, contre toute attente " à une poignée de survivants et leur a accordé réparation. Les mineurs ont donc réussi à faire entendre leur voix malgré la prescription. Enfin, sur le papier. Car cette indemnisation pour licenciements abusifs, les mineurs de 1948 l’attendent encore.
Alors jeudi soir, Christiane Taubira, a annoncé que son ministère ferait tout pour qu’elle devienne réalité dès l’année prochaine. "Nous devrions pouvoir faire adopter un amendement [dans la loi de finances de 2015, ndlr] de façon à reconnaître cette réparation ", a déclaré la ministre. Autrement dit des allocations dites "réparatrices " pour les survivants et leurs descendants. Cet amendement devrait reconnaître le caractère discriminatoire et abusif du licenciement pour faits de grève subi par ces mineurs.
"Des frustrations de toute une vie "
Dans la salle jeudi soir, Norbert Gilmez était très ému. A 93 ans, cet ancien employé des Houillères du Nord n’a jamais pu oublier son licenciement abusif. Il se souvient "des dettes à régler ", ses enfants "privés de bien des choses " et des "frustrations " tout au long de sa vie.
Mais pour tout réparer, "il y a du pain sur la planche ", avoue Norbert Gilmez. Pour l’ancien mineur, la réparation, ce serait aussi que son combat et celui de ses camarades figure un jour dans les livres d’histoire. Christiane Taubira souhaite faire en sorte que les programmes scolaires et de recherche en histoire et en sciences humaines accordent plus de place à ces grèves. La ministre entend aussi rétablir dans leurs distinctions et grades militaires tous les mineurs qui s'en étaient vu privés du fait de ces évènements. "Le ministère de la Défense en a déjà identifié six ", détaille Christiane Taubira.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.