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Marche des fiertés de Laval : "Ici, en milieu rural, nous n'avons pas de bars gays", témoigne l'association LGBT+ de Mayenne

Pour fêter ses 10 ans, l’association La Gom’53, organise ce samedi la première marche des fiertés de Laval. Un événement d'une ampleur inédite dans cette ville où les couples homosexuels avouent parfois rester discrets par crainte des actes homophobes. 

Article rédigé par franceinfo - Claire Leys
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le Rainbow Flag, agité par un manifestant. Photo d'illustration.  (OLAFUR STEINAR GESTSSON / RITZAU SCANPIX)

La commune s'y prépare depuis plusieurs jours : des banderoles arc en ciel sur la façade de l'hôtel de ville, des affiches collées un peu partout... Pour sa première marche des fiertés, samedi 18 juin, le centre LGBT+ de la Mayenne, baptisé La Gom'53, a vu les choses en grand : un village associatif, une déambulation et une soirée officielle, le tout soutenu par la mairie de Laval.

"Cet événement va permettre de montrer que les LGBT sont présents sur le territoire", se réjouit Julien Bastin, le cofondateur et vice président de la Gom'53. Ça va être le moment de montrer que oui, nous sommes potentiellement vos boulangers, vos avocats, vos coiffeurs, les gens que vous croisez au quotidien sans vous en rendre compte."

Des affiches collées dans les rues de Laval (Mayenne), annoncent la Marche des fiertés.  (La Gom'53)

Laval, 49 000 habitants au milieu d'un territoire rural, n'est pas la ville où les personnes homosexuelles et transgenres sont les plus visibles. La faute aux discriminations et à ces actes anti LGBT qui sont encore bien d'actualité, rappelle Julien Bastin : "Certaines entendent cinq ou six remarques en se baladant dans Laval. D'autres se font casser la gueule parce qu'ils sont trop maniérés aux yeux de certains ou se prennent des remarques parce qu'ils osent tenir la main de leur compagnon." Jusqu'à finir par se cacher : "Nous avons obtenu le mariage pour tous, avant d'avoir obtenu le fait de se tenir la main sereinement dans la rue."

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Il faut aussi parfois vivre avec le sentiment d'être seul, voire rejeté. Mathéo, 19 ans, en a fait les frais. Il a perdu un ami de lycée : "Il m'a rejeté quand il a appris que j'étais gay et du coup, il ne voulait plus me parler. Il m'a bloqué de tous les réseaux sociaux. Très clairement, il n'aimait pas les LGBT car il était très catholique, très pratiquant et ne supportait pas du tout ça."

Un passage piéton vandalisé

Pour Pierre, 41 ans, la Marche des fiertés est à la fois l'occasion de mettre en lumière ces discriminations, mais aussi de faire la fête. "Ici nous n'avons pas de bars gays !" Originaire de la capitale, le bibliothécaire l'assure : vivre à Paris ou à Laval, en tant que LGBT, ce n'est pas pareil.

"Pas mal de vitrines de commerces sont décorées en prévision de la marche... Mais ce n'est pas toujours bien accepté." Preuve en est : ce passage piéton aux couleurs arc-en-ciel, vandalisé dès le lendemain de son installation. "C'est pourquoi cette marche est très importante", conclut-il, en invitant tous les Lavallois à participer à la marche, qu'ils appartiennent, ou non, à la communauté LGBT.

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