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Les doyens du bac, cheveux blancs et matière grise

Chaque année, la France se découvre un "doyen du bac", le plus vieux candidat inscrit aux épreuves du célèbre diplôme. FTVi a planché sur ce qui pousse ces personnes âgées à tenter de décrocher le sésame. 

Article rédigé par franceinfo
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René Buffière, le 21 mai dans sa maison de retraite de Bassilac (Dordogne). Il est le doyen du bac 2012, à l'âge de 88 ans. (SOUNALET JEAN CHRISTOPHE / MAXPPP)

C'est un titre que seul l'âge vous procure. Parmi les près de 700 000 inscrits au baccalauréat 2012, René Buffière est le doyen national du bac. Agé de 88 ans, ce Périgourdin a connu une enfance "très pauvre" qui l'a empêché d'aller au-delà d'un certificat d'études décroché en 1938. Mais sa principale motivation est ailleurs : il souhaite dédier son aventure lycéenne à son fils, abattu en 2004. A chaque doyen ses raisons, que retrace FTVi.

• Pour rendre hommage à son fils tué

Candidat aux épreuves de la série ES, le doyen national du baccalauréat 2012, René Buffière, dédie "tous (ses) efforts" à sa mère et à son fils Daniel, un inspecteur du travail tué en 2004 par un agriculteur, en Dordogne. Père de quatre enfants et veuf depuis 2003, cet ancien résistant et chauffeur médical s'est décidé à passer les épreuves en 2007. Il révise chaque jours ses manuels et ses cours du Cned, "assis sur son lit" dans une maison de retraite de Bassillac (Dordogne).

• Pour renouer avec une scolarité prometteuse 

Enfant, il était toujours premier de la classe, mais son père, gardien de cimetière, n'a pas eu les moyens de financer ses études. "C'est un vieux rêve d'enfant", expliquait en 2011 Pierre-René Courcelles, 71 ans, à nos collègues de France 3. Après avoir passé le brevet des collèges à 64 ans, il s'est inscrit en candidat libre dans la filière L. Le jour des résultats, il a demandé à sa femme de l'accompagner. Résultat : "ce n'est pas bon, mais je m'y attendais"... Partie remise en 2012.

• Pour décrocher un deuxième bac

Le doyen 2010 s'appelait Alain Richard. Age : 71 ans. Diplôme : bac L... et S ! Cet ancien diplomate a profité de sa retraite pour poursuivre des études de philosophie, puis de maths et de physique, matières qu'il n'avait guère bûchées lors de sa scolarité, selon Sud Ouest. Après un échec en 2009, il a décroché son deuxième baccalauréat l'année suivante, dans la filière scientifique. Affaire classée, et nouveau défi : il apprend désormais le chinois.

• Pour continuer à rêver

"Il arrive un stade dans la vie, où si on n'a plus de rêves, il ne reste plus que les souvenirs, et là on se rend compte qu'on est vieux." A 79 ans, Denis Chabernas était le doyen du bac 2009. Cet ancien ouvrier et adjudant chef a préparé son examen au lycée, au milieu des autres élèves de terminale ES. Recalé en 2009 avec 6,5/20 de moyenne, il a retenté sa chance en 2010... et essuyé un nouvel échec. A 81 ans, il s'est à nouveau inscrit pour la session 2012, cette fois avec un ordinateur acheté pour réviser sur internet.

"Pour donner un coup de pouce à l'école des Cigales"

Elle avait arrêté l'école avec un CAP d'aide-comptable. Quarante-sept ans plus tard, en 2008, Monique Vinson a repris le chemin de l'école pour passer un bac STG (sciences et techniques de gestion). Agée de 63 ans, elle a choisi de s'y préparer à l'école des Cigales, à Orange (Vaucluse). Une école privée, hors contrat d'association, qui lui a plu "en raison de la petite taille de l'établissement", comme elle l'expliquait à La Provence. Un pari gagnant, avec une moyenne de 10,92/20, et une inscription à l'université dans la foulée.

• Pour mettre à profit une vie de "loup de mer"

En 2006, le doyen était un ancien capitaine de paquebots. Agé de 72 ans, la barbe poivre et sel et le visage légèrement buriné, Jean Saubrement s'est embarqué dans une galère faite de dissertations philosophiques, de cartes géographiques et d'équations mathématiques. Un peu de stress avant les épreuves, mais rien de comparable avec celui qui l'assaillait parfois en mer, dans ces tempêtes où un "bout de nuit peut durer des siècles", confiait-il alors au Parisien. Pour lui, le bac, c'était avant tout le plaisir d'élargir ses connaissances glanées au fil de ses lectures et de ses voyages au long cours. Résultat : bac L avec mention bien !

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