Le "message d'amour" de Manuel Valls ne séduit pas tous les agriculteurs
Le Premier ministre voulait apaiser la colère des agriculteurs montés à Paris ce jeudi. Dans un discours prononcé à Matignon, à l'issue d'une réunion avec les principaux représentants syndicaux de la filière agricole, il leur a adressé un "message d'amour" et a annoncé une série de mesures pour renforcer le plan d'aide adopté en juillet dernier.
Trois annonces principales
Une enveloppe d'aides portée à trois milliards d'euros sur trois ans Le Premier ministre a annoncé de nouvelles mesures de soutien économique principalement pour l'investissement. Les aides versées par l'Etat, les régions et l'UE vont passer à "350 millions d'euros par an pendant trois ans" . Les prises en charge d'intérêts d'emprunts vont être doublées, les prises en charge de cotisations sociales vont être triplées et enfin, un alignement de la cotisation maladie sur le régime des indépendants permettra de réduire les charges sociales agricoles de 50 millions d'euros.
Mise en oeuvre d'une "année blanche"
Comme le demandaient les syndicats, une "année blanche" sur les dettes bancaires et rallonges financières sera proposée à tous les agriculteurs en difficulté. Jean-Pierre Fleury, président de la Fédération nationale bovine, a expliqué la mesure sur France Info : "pour une année blanche, on prend les annuités d’une exploitation et l’objectif est de ne pas faire payer ces annuités à l’éleveur pendant un an et de le reporter en fin de tableau. Vous avez un emprunt sur sept ans on vous enlève l’année actuelle et on vous rajoute une huitième année."
Un moratoire va entrer en vigueur jusqu'en février 2016 Aucune nouvelle norme, notamment environnementale, ne sera adoptée jusqu'en février prochain. Après cette date, les agriculteurs seront associés à la définition des mesures de défense de l'environnement. Les agriculteurs demandaient à ce que le cadre législatif imposé par la France et l'Europe soit adouci.
Place de la Nation : entre satisfaction et coup de colère
Xavier Beulin, le président de la FNSEA, est revenu très vite place de la Nation pour annoncer lui-même ces mesures négociées avec l'exécutif. "Le gouvernement a entendu, a-t-il déclaré à la tribune. Il aura fallu 1.800 tracteurs pour ça, mais pour la première fois depuis longtemps, cette demande de considération, le Premier ministre l'a entendue, le gouvernement l'a entendue."
Mais lorsqu'il a détaillé les mesures avancées par le gouvernement, il a été hué par une partie des 4.000 à 5.000 manifestants. Pour beaucoup, la question centrale de la baisse des prix n'a pas été prise en compte. Manuel Valls a déclaré : "les agriculteurs n'ont pas besoin d'aides, ils veulent des prix acceptable et vivre de leur métier".
Il a aussi affirmé que la pression serait maintenue par Stéphane Le Foll pour que le secteur agroalimentaire tienne ses engagements. "Insuffisant" répondent les agriculteurs. Béatrice Sévère, femme d'un éleveur de porcs du Finistère, est catastrophée : "rien ne va revenir aux paysans".
Tensions place de la #Nation sifflets lors du discours de Xavier Beulin colère suite aux annonces @franceinfo pic.twitter.com/FxEuXdtrNR
— B.Illy (@BenjaminIlly) September 3, 2015
Certains agriculteurs ont affirmé vouloir rester à Paris ce soir, pour "faire entendre leur colère" au gouvernement.
"On veut pas d'aides on veut des prix ! Y'aura du grabuge ici ce soir à Paris" Cyril G. éleveur de porcs du 22 @bleuarmorique #agriculteurs
— Bleu Breizh Izel (@Francebleubzh) September 3, 2015
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.