La cour d'appel de Paris confirme le renvoi de Tariq Ramadan devant la cour criminelle pour trois des quatre viols dénoncés
Nouveau rebondissement dans la procédure judiciaire visant Tariq Ramadan en France. La cour d'appel de Paris a décidé, jeudi 27 juin, de renvoyer l'islamologue suisse de 61 ans devant la cour criminelle départementale pour des viols sur trois femmes et écarté le cas d'une quatrième, a appris l'AFP auprès d'avocats de ce dossier. La chambre de l'instruction de la cour d'appel avait examiné le 29 mars le recours déposé par la défense du sexagénaire, qui contestait son renvoi, ordonné en juillet 2023 par deux juges d'instruction du tribunal de Paris. La notion d'emprise était alors au cœur des débats.
Dans ses réquisitions écrites, dont l'AFP avait eu connaissance, l'avocat général, Matthieu Bourrette, avait demandé que ne soit retenu contre l'islamologue que le viol aggravé sur "Christelle" (prénom d'emprunt), commis à Lyon en octobre 2009. Le représentant du ministère public avait en effet considéré que les éléments étaient suffisants pour caractériser un tel crime.
"Pourquoi l'une est écartée et pas les autres ?"
Il avait en revanche écarté l'"emprise" qu'aurait exercée Tariq Ramadan sur "Christelle" et ses autres accusatrices : Henda Ayari, une ex-salafiste devenue militante laïque qui avait déclenché l'affaire en portant plainte en octobre 2017 pour un viol qui aurait eu lieu en 2012 à Paris, Mounia Rabbouj, une ex-escort girl qui l'avait accusé de neuf viols entre 2013 et 2014, et une troisième femme pour des faits remontant à 2016. Il avait donc demandé un non-lieu concernant ces trois femmes. Mais la cour d'appel a finalement pris une position encore différente de celle du parquet de Paris, des juges d'instruction parisiens et de l'avocat général à la cour d'appel en écartant le seul cas de Mounia Rabbouj, a appris franceinfo auprès de Laure Heinich, avocate de "Christelle".
Cette dernière et Laura Ben Kemoun, avocate de Mounia Rabbouj, ont dénoncé auprès de l'AFP une décision "particulièrement incompréhensible". "Pourquoi l'une est écartée et pas les autres ? Personne ne peut comprendre cette décision", qui ne permettra pas de juger "la complexité et la globalité du dossier", a déploré Laure Heinich.
Pascal Garbarini, un des avocats de Tariq Ramadan, a assuré de son côté que "le combat continue pour l'innocence" de son client, acquitté en Suisse en mai 2023 dans une autre affaire de viol et de contrainte sexuelle. La défense, comme les deux avocates des parties civiles, réfléchissaient jeudi après-midi à un pourvoi en cassation.
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